La prise de Masisi par le M23 n'est pas qu'une énième secousse dans une guerre interminable ; elle est le reflet déchirant d'un statu quo maintenu par des mains invisibles, où les acteurs de la scène mondiale arborent des masques de vertu tout en renforçant les forces du chaos. Sous les déclarations creuses et les promesses sans lendemain, c'est une hypocrisie majestueuse qui se dévoile, tissant une toile où la vérité est étranglée par des intérêts voilés.

Là où l'on aurait espéré des actes de justice et de réconciliation, on ne trouve qu'un théâtre de faux-semblants. Les communiqués, tels des incantations sans âme, dénoncent timidement les symptômes sans jamais oser affronter les racines profondes du mal.

L'image du thermomètre, qui mesure sans guérir, illustre à la perfection cette diplomatie aveugle. Les puissances étrangères, pourtant si promptes à s'ériger en gardiennes de la paix, s'enlisent dans un silence coupable face aux forces qui occupent et ravagent l'Est congolais. Elles ferment les yeux sur les FDLR, dont la simple présence rappelle les fantômes du génocide contre les Tutsi au Rwanda, et détournent leur regard des mercenaires et coalitions armées qui arpentent les terres congolaises comme des ombres menaçantes.

Mais le sommet de cette tragédie réside peut-être dans l'inégalité du traitement. Tandis que le M23 est honni, cloué au pilori dans les communiques, les FDLR jouissent d'une étrange indulgence : ces fossoyeurs d'espoirs, porteurs d'idéologies meurtrières, sont effleurés avec une prudence presque complice.

Pourquoi cette asymétrie ? Pourquoi ce mutisme ? La réponse gît dans les eaux troubles des jeux géopolitiques, où les intérêts stratégiques effacent les frontières entre bien et mal.

Plus insidieux encore, les violations répétées des cessez-le-feu ne provoquent qu'un murmure de protestation. Ces ruptures, orchestrées par une myriade d'acteurs, FARDC, mercenaires, Wazalendo, et FDLR, se déroulent sous le regard indulgent d'une diplomatie internationale devenue spectatrice passive. Le sang qui coule n'est qu'une tache sur le parchemin d'une realpolitik où les vies humaines ne pèsent guère face aux équilibres régionaux et aux intérêts des grandes puissances.

Pourtant, dans ce désespoir, une lumière vacille : celle d'une possible refondation. L'avenir de la RDC ne saurait être trouvé dans les illusions des mots bien calibrés ni dans les alliances ambiguës, mais dans un élan sincère vers la vérité, la justice, et la réconciliation.

La population congolaise, courageuse devrait briser ce cycle infernal, oser nommer les véritables coupables, et reconstruire, brique par brique, un chemin vers une paix durable.

Car la RDC ne peut plus attendre. Chaque jour de silence est un jour de trop, un jour où la souffrance se grave plus profondément dans l'âme de son peuple. L'Afrique centrale, ce géant endormi, ne demande pas la pitié ; elle réclame la justice.

Et dans les yeux de ceux qui souffrent, dans les cris de ceux qui résistent, se trouve une vérité indéniable : l'humanité tout entière est appelée à répondre. Alors, que cessent les ballets d'hypocrisie et que se lève enfin le rideau sur un avenir où les promesses seront tenues et où la dignité de la RDC ne sera plus un vain mot, mais une réalité invincible.

Les puissances étrangères ferment les yeux sur les FDLR, dont la simple présence rappelle les fantômes du génocide contre les Tutsi au Rwanda.

Tite Gatabazi



Source : https://fr.igihe.com/L-hypocrisie-internationale-et-le-labyrinthe-sanglant-de-la-RDC.html