L'envoyé a formulé ces remarques dans une déclaration publiée à l'issue de sa visite diplomatique au Rwanda, où il a tenu des discussions de haut niveau avec des responsables gouvernementaux et des partenaires internationaux sur la crise dans l'est de la RDC.

Lors de sa visite au Rwanda, Borgstam a rencontré le président Paul Kagame, le ministre de la Défense Juvenal Marizamunda, ainsi que le général à la retraite Kabarebe, ministre d'État aux Affaires étrangères, en charge de la coopération régionale.

Borgstam a exprimé son inquiétude face à l'escalade du conflit dans l'est de la RDC, notamment la guerre impliquant le M23 et les forces de la coalition congolaise, y compris les FDLR, directement responsables du génocide de 1994 contre les Tutsi au Rwanda.

S'exprimant sur les préoccupations du Rwanda concernant ce groupe génocidaire qui continue de menacer sa sécurité, Borgstam a insisté sur la nécessité de prendre ces inquiétudes au sérieux. Il a également souligné que la persécution ethnique des communautés, en particulier des Congolais parlant kinyarwanda à l'est, un grief central du M23, doit impérativement être traité.

" Nous réitérons la responsabilité du gouvernement de la RDC de démanteler la milice des FDLR. Par ailleurs, nous condamnons fermement la montée de la haine ethnique, qui doit être combattue par tous les gouvernements de la région ", a-t-il affirmé.

Dans le même temps, l'UE a réaffirmé son soutien aux initiatives de paix dirigées par les Africains, soulignant qu'il n'existe pas de solution militaire à la crise.

" Nous nous félicitons du résultat du sommet EAC-SADC du 8 février 2025 et encourageons toutes les parties à s'engager dans un dialogue constructif ", a ajouté Borgstam.

Les remarques de Borgstam sur les FDLR interviennent alors que le groupe rebelle M23, qui a récemment pris le contrôle de Goma et Bukavu, a remis aux autorités rwandaises ce samedi 1er mars, le général de brigade Gakwerere Ezechiel, un haut responsable de la milice génocidaire FDLR basée en RDC, ainsi que 13 autres combattants.

Parmi les transférés se trouvaient le major Ndayambaje Gilbert, un cadre supérieur des FDLR, ainsi que plusieurs combattants de rang inférieur.

Le général de brigade Gakwerere, connu sous plusieurs alias, dont Sibomana Stany, Julius Mokoko et Sibo Stany, portait un uniforme flambant neuf des Forces armées congolaises (FARDC). Sa capture, ainsi que celle d'autres membres des FDLR, a ravivé de nouvelles préoccupations concernant le soutien présumé de la RDC à cette milice, que Kigali accuse depuis longtemps de chercher à déstabiliser le Rwanda.

S'exprimant à la frontière, le colonel Joseph Mwesigye, commandant de la 509e brigade des Forces de défense du Rwanda, a rejeté une nouvelle fois les affirmations selon lesquelles les FDLR seraient un groupe vieillissant et inefficace, sans réelle capacité opérationnelle.

" Vous pouvez constater qu'il y a des jeunes parmi eux. Certains prétendent que les FDLR ne sont composées que de vieillards qui ne représentent plus une menace, mais cela démontre le contraire. L'idéologie du génocide ne disparaît pas avec l'âge ", a-t-il déclaré.

Mwesigye a ajouté que la capture de ces combattants constitue une preuve irréfutable que les FDLR demeurent actives, malgré les affirmations des autorités congolaises selon lesquelles le groupe ne serait plus une force majeure.

Les combattants des FDLR remis aux autorités rwandaises faisaient partie de ceux capturés lors des affrontements avec le M23 à Goma et dans ses environs. Alors que certains combattants ont fui vers des zones telles que Walikale et le parc national de Virunga, des rapports indiquent que d'autres se sont réfugiés dans des installations militaires de l'ONU, situées dans la province du Nord-Kivu.

Le général de Brigade Gakwerere possède un long passé et infâme. Né en 1964 dans la commune de Rukara, au sein de la préfecture de Kibungo, qui fait aujourd'hui partie du district de Kayonza, a joué un rôle déterminant dans le génocide de 1994 contre les Tutsi.

À l'époque, en tant que lieutenant, Gakwerere était affecté à l'École des sous-officiers (ESO) de Butare, où il a collaboré étroitement avec le capitaine Ildephonse Nizeyimana, l'un des principaux architectes des massacres de Butare.

Les rapports révèlent qu'il a dirigé un groupe tristement célèbre, connu sous le nom de "Nouvelle Formule", responsable de tueries massives aux barrages routiers et dans plusieurs lieux de Butare. Il est également accusé d'avoir joué un rôle central dans le meurtre de la reine Rosalie Gicanda le 20 avril 1994, ainsi que dans l'assassinat de Jean Baptiste Habyarimana, l'ancien gouverneur de la préfecture de Butare.

Le Représentant spécial de l'Union européenne (RSUE) pour la région des Grands Lacs a exhorté la RDC à démanteler la milice des FDLR

Alain Bertrand Tunezerwe



Source : https://fr.igihe.com/Borgstam-exhorte-la-RDC-a-demanteler-la-milice-des-FDLR.html