La RDC, cet immense cœur battant au centre du continent africain, semble s'être accoutumé à mendier hors de lui-même les remèdes à ses propres maux, comme un titan dépouillé de sa superbe, convaincu de sa propre impuissance. Cette posture, loin d'être anodine, est le terreau de toutes les vulnérabilités, l'aveu silencieux d'un renoncement intellectuel et stratégique.

Le plus grand péché d'un peuple est d'oublier qu'il est l'architecte de son propre destin. Or, en multipliant les allégeances extérieures et en assujettissant son avenir aux diktats d'intérêts étrangers, le pouvoir en place ne fait qu'entretenir un cycle funeste de subordination. Que la défense de la nation soit confiée à des mercenaires mus par le seul appât du lucre, que la préservation de l'intégrité territoriale dépende des forces armées voisines plutôt que du sacrifice consenti par ses propres fils, chaque concession faite à l'exogène est une pierre de plus scellant l'édifice de l'aliénation.

Et que dire de cette diplomatie erratique, de ces errances incessantes sur la scène internationale qui, loin de traduire une vision, témoignent d'une perpétuelle supplique ? Une nation qui en appelle sans cesse à autrui pour pallier ses propres défaillances s'assujettit fatalement à la volonté d'intérêts qui ne sont pas les siens.

Chaque conférence internationale, chaque requête en faveur de sanctions, chaque invocation à la conscience universelle résonne comme un aveu d'inanité stratégique. Pendant ce temps, l'autre progresse, implacable et sourd aux incantations déclamées sous des lustres opulents.

La question n'est donc pas de savoir si l'Occident viendra, une fois encore, tendre une main secourable au Congo, mais bien de comprendre pourquoi le Congo persiste à s'en remettre à lui.
L'histoire, implacable, atteste que nul ne saurait défendre une cause avec plus d'ardeur que ceux qui en sont les dépositaires légitimes. Les alliances ne constituent que des arrangements éphémères, les intérêts se modulent au gré des circonstances, et les appuis d'aujourd'hui peuvent, avec la même célérité, se muer en indifférence.

La souveraineté ne se mendie point ; elle s'impose. Elle se forge dans l'airain et le brasier, s'affermit par l'édification d'une puissance militaire à la hauteur des défis, se préserve par l'instauration d'une économie affranchie de toute sujétion extérieure, et s'incarne dans l'éveil d'une conscience nationale réfractaire à l'humiliation de la dépendance.

Une lucidité sans complaisance s'impose : quel sursaut a succédé à la débâcle de Goma ? Les doctrines stratégiques ont-elles été révisées à l'aune des leçons de l'histoire ? Les institutions ont-elles connu une régénération salutaire, s'étant délestées de leurs insuffisances ? L'illusion d'un salut décrété sous les ors d'une capitale étrangère a-t-elle été dissipée ? Tant que ces interrogations ne recevront point de réponses sincères, tant que la plénitude de la responsabilité historique ne sera pas assumée, la RDC demeurera une entité vacillante, errant dans l'ombre des puissances qui façonnent le destin des autres.

Il appartient désormais de briser ces entraves invisibles qui perpétuent la déréliction. Il incombe d'édifier un Congo inébranlable, affranchi de l'attente servile, un Congo debout, altier, pleinement souverain, prêt à embrasser son destin avec la vigueur de sa propre volonté et la noblesse de son propre sacrifice. Car une nation qui abdique la maîtrise de son avenir se condamne irrémédiablement à n'être que le pâle reflet d'elle-même, soumise aux desseins d'autrui.

La RDC, cet immense cœur battant au centre du continent africain, semble s'être accoutumé à mendier hors de lui-même les remèdes à ses propres maux

Tite Gatabazi



Source : https://fr.igihe.com/La-souverainete-se-forge-dans-l-airain-et-le-brasier.html