Loin de remplir son mandat avec la rigueur qu'exigerait la situation dramatique de la République Démocratique du Congo, elle se mure dans une inertie coupable, oscillant entre une diplomatie feutrée et une connivence à peine voilée avec certains acteurs du chaos ambiant.

La falsification des bilans, l'édulcoration des rapports et la minimisation des atrocités témoignent d'une volonté pernicieuse de maquiller la faillite d'une mission qui, par son immobilisme et son mutisme sélectif, trahit non seulement les idéaux dont elle se réclame, mais aussi les populations qu'elle est censée protéger.

Ainsi, loin d'incarner l'espoir d'une paix recouvrée, la MONUSCO se confond désormais avec les ombres des conflits qu'elle prétend contenir, ajoutant à la tragédie congolaise une couche supplémentaire d'indignation et de désillusion.

L'arrivée du Commandant de la Force de la MONUSCO, le Lt-Général Ulisses de Mesquita Gomes, à Beni, et l'installation du siège temporaire de la mission dans cette région meurtrie auraient pu être le signe d'un engagement renouvelé en faveur de la protection des civils. Pourtant, cette présence s'inscrit dans une longue série d'ambiguïtés, d'échecs et de compromissions qui ternissent la crédibilité de la mission onusienne en République Démocratique du Congo.

Violations de la mission initiale

Mandatée pour protéger les populations civiles et appuyer les Forces Armées de la RDC (FARDC) dans la neutralisation des groupes armés, la MONUSCO s'est progressivement éloignée de cet objectif. Les populations, qui devaient être les premières bénéficiaires de son intervention, se retrouvent souvent abandonnées face aux massacres, aux pillages et aux exactions perpétrées par divers groupes armés, y compris ceux censés être combattus. L'inaction récurrente des forces onusiennes lors d'attaques contre des civils, malgré leur présence sur le terrain et leurs moyens militaires, suscite colère et incompréhension.

Compromissions avec les forces génocidaires

L'une des plus grandes zones d'ombre de la MONUSCO demeure son positionnement ambigu vis-à-vis des FDLR (Forces Démocratiques de Libération du Rwanda), un groupe armé composé d'anciens génocidaires rwandais. Bien que la mission onusienne affiche un discours officiel de lutte contre ces milices, des rapports font état de tractations secrètes, de non-interventions stratégiques et de tolérance tacite de la présence de ces groupes.

Dans certains cas, des officiers de la MONUSCO auraient même entretenu des relations de coopération avec ces forces, fragilisant ainsi la crédibilité de leur mission et accentuant la méfiance des populations locales.

Faux rapports et manipulations politiques

La MONUSCO produit régulièrement des rapports censés refléter la réalité sécuritaire sur le terrain. Or, plusieurs enquêtes indépendantes ont démontré que ces rapports sont souvent biaisés, édulcorés ou manipulés pour ne pas froisser le pouvoir en place à Kinshasa. Certaines exactions commises par les FARDC et leurs supplétifs, les milices Wazalendo, sont minimisées, voire complètement occultées, tandis que les crimes attribués aux groupes armés rebelles sont exagérés pour justifier des positions politiques déterminées.

Silences coupables sur les exactions des FARDC et des Wazalendo

Alors que les violations des droits de l'homme perpétrées par la coalition qui soutient les FARDC sont largement documentées, elles sont souvent passées sous silence. Des exécutions sommaires, des pillages, des viols et des massacres sont pourtant rapportés par plusieurs ONG et témoins oculaires.

Mais la MONUSCO préfère éviter d'exposer ces abus, par crainte de froisser les autorités congolaises et de mettre en péril sa présence sur le territoire. Cette complicité tacite avec les forces gouvernementales entache encore davantage la mission, perçue comme un acteur partial et opportuniste.

Une mission en sursis ?

Face à ces multiples dérives, la MONUSCO se trouve aujourd'hui dans une impasse. La population congolaise, autrefois favorable à son déploiement, exprime de plus en plus son rejet, dénonçant une mission coûteuse, inefficace et complice des tragédies en cours. Les manifestations contre sa présence, parfois réprimées dans le sang, illustrent le désespoir d'un peuple qui ne voit plus en cette force une solution, mais un problème supplémentaire à sa quête de paix et de justice.

En définitive, la MONUSCO semble avoir trahi l'essence même de son mandat. Son maintien sous sa forme actuelle ne fait qu'alimenter frustrations et tensions. Si elle ne procède pas à une réforme en profondeur de ses stratégies et de ses alliances, elle restera un témoin passif, voire complice, d'un drame qui se joue à huis clos, dans l'indifférence de la communauté internationale.

La MONUSCO s'apparente aujourd'hui à une mission en déliquescence

Tite Gatabazi



Source : https://fr.igihe.com/Les-compromissions-de-la-Monusco-se-multiplient.html