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" Afin d'éviter un conflit entre nos deux pays, nous nous engageons à régler nos différends par des moyens pacifiques. C'est ce que nous faisons depuis 2020, lorsque le Burundi a initié un dialogue avec le Rwanda. À ce jour, le Burundi demeure ouvert aux discussions pour apaiser les tensions qui nous opposent ", a déclaré Ndayishimiye devant les diplomates accrédités au Burundi.
Depuis la fin janvier 2025, Ndayishimiye a multiplié les déclarations belliqueuses, affirmant sa volonté d'entrer en guerre contre le Rwanda. Ses propos incendiaires ont exacerbé les tensions dans la région des Grands Lacs, déjà marquée par une forte instabilité.
S'exprimant devant des diplomates le 31 janvier dernier, Ndayishimiye avait accusé le Rwanda de préparer une attaque contre le Burundi :
" Je vous le dis, si la situation continue ainsi, la guerre s'étendra à toute la région, car les populations ne le toléreront pas. Si le Rwanda persiste⦠le jour où ils entreront au Burundi, nous ne l'accepterons pas. "
Les tensions ont encore monté d'un cran le 11 février lorsque, s'adressant aux habitants de la commune de Bugabira, dans la province de Kirundo, Ndayishimiye a une nouvelle fois lancé un avertissement cinglant au Rwanda.
" Soyez prêts, n'ayez pas peur, nous les connaissons bien. Depuis l'époque monarchique, ils ne nous ont jamais vaincus. Pensez-vous qu'ils en seraient capables aujourd'hui ? Rappelez-leur : 'Savez-vous où que signifie Kirundo ?' "
Ces propos ont été tenus alors que de violents affrontements se poursuivaient à l'est de la République démocratique du Congo, où le groupe armé M23 continuait de gagner du terrain face à une coalition de forces, incluant des troupes burundaises.
Le tournant aurait eu lieu lors du sommet de l'Union africaine (UA) à Addis-Abeba, le 15 février 2025. D'après certaines sources, Ndayishimiye aurait subi des pressions de la part de plusieurs dirigeants africains, qui l'auraient mis en garde contre les conséquences graves de ses déclarations incendiaires.
Dès le lendemain, le président burundais aurait commencé à tempérer ses propos. Dans un message publié sur la plateforme X, il a affirmé que des discussions avec des alliés du Rwanda l'avaient rassuré quant à la sécurité du Burundi, écartant ainsi toute menace d'attaque.
" Après des discussions avec des alliés du Rwanda, ceux qui comptaient tirer profit d'une attaque contre le Burundi doivent renoncer à leurs ambitions. Quant à mes compatriotes burundais, restez vigilants et attentifs. " a-t-il écrit.
Les tensions entre le Rwanda et le Burundi se sont exacerbées fin 2023, après une attaque du groupe armé RED Tabara dans la zone de Gatumba. En réaction, le Burundi a décidé de fermer ses frontières avec le Rwanda en janvier 2024.
Malgré cette montée des hostilités, le Rwanda a constamment réaffirmé sa volonté de dialogue. En septembre 2024, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, l'ambassadeur Olivier Nduhungirehe, a souligné que le Rwanda restait disposé à engager des discussions avec le Burundi.
" Les Rwandais et les Burundais sont des frères et surs qui devraient vivre en harmonie et en paix ", avait-il déclaré.
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Alain Bertrand Tunezerwe
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