Quand le 27 mai 2021, à Gisozi/Kigali, Macron demande aux rescapés du génocide contre les tutsis d'accorder leur pardon à la France, cette demande est assortie d'une promesse ferme : celle de mettre un terme à l'impunité des génocidaires présents sur le sol français.
On se souvient de ce qu'il disait : « reconnaitre le passé, c'est surtout aussi poursuivre l'œuvre de justice ».
La France a décidé de concilier la mémoire du génocide contre les tutsis et le besoin de justice. Ces enjeux touchent aux responsabilités individuelles et collectives.
Une année avant, le 16 mai 2020 à Asnières Gennevilliers en banlieue parisienne, Félicien Kabuga était enfin débusqué. Ceci mettait fin à vingt-sept ans de cavale à travers les pays Africains et Européens avec des fausses identités.
Considéré comme le financier du génocide contre les tutsis, il a entre autre créé la tristement célèbre RTLM, outil de propagande du hutu power.
Mais il y en a quelques autres dont des prêtres qui sont déjà passés ou sont en cours d'être jugés. Mais la moisson est trop faible.
Reste le cas d'Agathe Habyarimana qui retient toutes les attentions. Le rapport Duclert a révélé que « selon plusieurs sources diplomatiques, elle a joué un rôle important dans les affaires du pays à travers l'akazu, cercle restreint aux pouvoirs parallèles ».
En janvier 2004 elle avait introduit une demande d'asile rejetée par l'Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides « OFPRA » ainsi que son recours. La justice française soulignait son rôle présumé dans le génocide et estimait « qu'il existe des raisons sérieuses de penser qu'elle aurait participée en tant qu'instigatrice ou complice au génocide contre les tutsis ».
En appel, la cour jugea ses déclarations « non crédibles, devant être regardées comme traduisant sa volonté d'occulter les activités qui ont en réalité été les siennes durant la période de préparation, de planification et d'exécution du génocide ».
Maintenant à Paris on a sifflé la fin de la recréation et les génocidaires ainsi que leurs complices sont avertis : « la France ne sera plus le sanctuaire des génocidaires » déclarait le nouvel ambassadeur de France au Rwanda, Antoine Anfré lors de son point presse du 10 aout 2021.
L'on sait que qu'après le génocide contre les juifs, la justice fut confrontée à une réalité qui dépassait ses repères. En effet, il s'agissait de juger le crime de génocide dont la nature et l'ampleur défiaient l'imaginaire humain.
En rendant justice, le déroulé du procès ne peut faire abstraction du contexte, du cadre historique afin de raconter ce qui s'est passé et laisser aux générations futures un témoignage.
L'on sait déjà que ce crime de génocide contre les tutsis était commis par l'Etat lui-même sur ses propres citoyens et était associé à une politique délibérée.
Voilà pourquoi, si la justice conçoit qu'il peut y avoir des divergences de points de vue, elle considère par contre que la vérité indépendante existe au-delà de tout doute raisonnable du moins. Etant entendu que certains faits sont indéniables. Et la justice permet alors le rejet de l'ambiguïté.
C'est ainsi que par la décision du 16 juin 2006, le Tribunal Pénal International pour le Rwanda « TPIR » intégra par la voie du « constat judiciaire » le génocide contre les tutsis dans la catégorie des faits de notoriété publique pour lesquels la preuve n'est plus désormais requise.
Tite Gatabazi
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