Ces héros qui avaient résisté à la machine étatique du génocide.
La Mairie du 18e arrondissement de Paris a une place " Aminadabu Birara ", ce héros de la résistance de Bisesero pendant le génocide contre les tutsis.
C'est à l'intersection des rues Ramey et Marcadet, non loin de Montmartre.
Cette place a été inaugurée vendredi 13 mai 2022 par Mme Anne Hidalgo, Maire de la Ville de Paris, en présence de plusieurs personnalités dont Eric Lejoindre, Maire du 18e arrondissement.
Paris avait déjà érigé une stèle au cimetière Père La Chaise dans le 20e arrondissement et une seconde dans le jardin de la mémoire du parc de Choisy dans le 13e arrondissement.
Birara qui est célébré était âgé de soixante-huit ans en 1994. Rescapé des pogroms de 1959, 1963 et 1973 ; il avait une expérience avérée dans la résistance.
Cet homme prestigieux dont Paris s'enorgueillit de conserver la mémoire et le souvenir.
Avec l'usage des cailloux à mains nus, sans armes à feu.
Bisesero est la chaine de montagne qui surplombe le lac Kivu à Karongi à l'ouest du Rwanda.
En avril 1994, près de 50 000 tutsis y organiseront la résistance pour échapper aux machettes, aux gourdins, aux grenades, aux balles de l'armée.
Un puissant groupe de combattants, sous la supervision de Birara résiste aux bourreaux.
Jusqu'au 27 juin 1994, trois mois durant, quand une patrouille de l'opération Turquoise passe sur les lieux. Les tutsis sortent de leurs cachettes croyant être sauvés.
Mais la patrouille les abandonna et laissa libre court aux attaques des ex Far et interahamwe pendant trois longs jours.
Bisesero aura révélé le vrai visage de l'opération Turquoise, ses véritables mobiles.
C'était en 2002, quand nous nous attelions à doter le pays d'une nouvelle constitution, que la commission constitutionnelle avait fait venir l'un des meilleurs constitutionalistes africains, pour nous partager son expertise en la matière.
Professeur de droit constitutionnel, ancien président de la commission constitutionnelle du Burundi, ancien Président de la Cour Constitutionnelle du Burundi, qui mieux que le Pr Gérard Niyungeko pouvait expliquer " la chose constitutionnelle " dans sa théorie et sa pratique.
Le séminaire s'était tenu à Kibuye et on se connaissait déjà car il m'avait enseigné le droit constitutionnel.
C'est au cours de ce séjour à Kibuye que nous avons effectué la visite du site mémorial de Bisesero ensemble.
Grimper les 285.71m de longueurs en forme d'escaliers qui se resserrent au fur et à mesure que l'on gravi la colline.
Cet entassement de milliers de pierres au bas de la colline autour desquelles sont enfoncées neuf lances se font remarquer à l'entrée du site.
Ce parcours portait sur la résistance des Basesero, d'un douloureux corpus composé de récits du guide des lieux.
Nous y avons partagé le silence et la mémoire des lieux. Sur le chemin du retour, nous avions évité de croiser nos regards.
Nous étions étreints et submergés par la gravité de ce que nous venions de voir. Et la force de l'émotion anéantissait toute expression verbale.
Nous étions face à une réalité funeste et d'une violence inouïe que la communauté humaine a le devoir de ne jamais oublié.
Ces cruautés méritent mémoire des rwandais et de l'humanité toute entière.
Le génocide contre les tutsis, voilà ce que l'idéologie parmehutu a pu concevoir et exécuté de plus diabolique et pervers.
Nous n'oublierons jamais !
Tite Gatabazi
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