La recrudescence de la violence dans le Nord Kivu révèle que les problèmes d'hier restent irrésolus.

Le cadre de résolution de conflit défini depuis 2008 n'a jamais connu le moindre début d'exécution.

Et la déliquescence des FARDC est un phénomène alarmant qui sape la gouvernance du pays et participe à son instabilité.

La solution militaire reste improbable vu l'impact éphémère de la présence des FARDC.

Face à ces échecs, le premier réflexe, quasi pavlovien, est d'accuser le Rwanda sans aucun fondement.

Mais cette intensification de l'hostilité contre le Rwanda est un cache misère. On se perd en conjectures pour comprendre cette poussée de fièvre entre Kinshasa et Kigali.

Les mobiles relèvent de la politique intérieure.

Cette rhétorique n'est pas nouvelle. La manipulation de l'opinion par des formules du genre " balkanisation, empire hima, infiltration, nationalité douteuse " sont bien répandus.

Cette instrumentalisation par des politiciens véreux est bien connue. Et elle a causé du tort au pays.

L'alimentation du fantasme et des peurs irrationnelles en agitant le spectre du " tutsi hégémoniste " qui voudrait s'emparer de l'est de la RDC en créant l'empire hima n'a pas disparu.

Mais plutôt que d'aider à résoudre les problèmes structurels, elles les cristallisent.

Les problèmes sont internes au Congo et il n'est pas honorable de chercher des boucs émissaires.

Ces manœuvres dilatoires au sommet de l'Etat risquent de saper les efforts de pacification de l'est du territoire.

Les FARDC ont multipliés des provocations. En effet, en date 23 mai 2022, ils ont lancés des roquettes à Kinigi sur le territoire rwandais.

Ils n'ont toujours pas eu un seul mot d'excuse, ce qui atteste que c'était un acte prémédité.

Quelques jours après, en collaboration avec les FDRL, les voilà qui enlèvent deux militaires rwandais en patrouille à la frontière.

Cette alliance avec les forces négatives est une alliance contre nature aux conséquences néfastes.

En dépit de ces provocations répétées, le Rwanda privilégie le recours au mécanisme de vérification conjointe et permanente de la frontière. Espérons qu'il soit effectif et doté de ressources suffisantes.

Hasard du calendrier, le Président Tshisekedi vient de prendre la direction du mécanisme régional de surveillance de l'accord cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la région de 2013.

La lutte contre les groupes armés à l'est, le rétablissement de la paix dans cette partie du pays meurtrie depuis plus de vingt-cinq ans étaient la priorité absolue du Président Tshisekedi depuis son entrée en fonction en 2019.

Ses actions ont connu un certain succès salué par les milieux avertis. L'intégration de son pays au sein de la communauté des états de l'Afrique de l'est (EAC) en est la preuve.

Le gouvernement congolais a autorisé l'armée ougandaise a venir en découdre avec les ADF qui ont prêté allégeance à l'Etat Islamique.

Dans la foulée, l'armée Burundaise se rendait sur le sol congolais pour y combattre la rébellion RED Tabara.

Dans l'entre temps, les Chefs d'Etats de la région ont décidé de l'envoi d'une force conjointe d'intervention pour neutraliser les groupes armés qui sévissent à l'est du Congo.

Mais la récente résurgence du M23 vient rappeler l'extrême fragilité du processus de pacification à l'est du Congo.

L'instauration de l'état de siège, la présence de la MONUSCO, les différents accords bilatéraux se lézardent soudainement.

Et si on n'y prend pas garde, ces fissures pourraient s'agrandir.

Une analyse de l'enlisement des réformes promises tant de la justice, des forces armées, de la décentralisation, du système financier et bien d'autres pourraient offrir une piste sérieuse d'analyse.

Ajouté à cela l'échec de l'état de siège et la lutte contre la corruption qui est dévoyée à des fins d'alliances politiciennes.

Bien plus, certains observateurs s'inquiètent de l'impréparation du processus électoral de l'année prochaine.

D'aucun évoque déjà des manœuvres pour opérer le fameux " glissement ".

Le temps est peut être venu que les nombreux accords politiques signés et les différents plans de stabilisation cessent d'être des promesses sans lendemain.

Cela requiert que le gouvernement de Kinshasa abandonne la politique de l'autruche et assume ses responsabilités.

L'irresponsabilité du politique Congolais est légendaire

Tite Gatabazi



Source : https://fr.igihe.com/RDC-la-politique-de-l-autruche.html