En 2018, les résultats des élections ont été fortement contestés, Martin Fayulu, qui croyait avoir gagné, a déclaré avoir été de peu changé par la Commission électorale nationale indépendante (CENI).
Les grands retards de présentation des résultats définitifs (10 jours après les élections) étaient hautement suspects. Le président de l'époque, Joseph Kabila, voulait que Tshisekedi soit son successeur et, à ce titre, Tshisekedi aurait accédé au pouvoir sans aucun soutien populaire.
Forte opposition
Cette fois, l'opposition est déterminée à chasser Tshisekedi. Mais il tente aussi toutes les acrobaties politiques pour s'accrocher, bien que de nombreuses voix s'élèvent pour dire qu'il n'y a rien de tangible que le dirigeant de la RDC a réalisé après quatre ans au pouvoir. Le 18 juillet, un éminent homme politique, Jean-Marc Kabund, a lancé un nouveau parti politique - Alliance pour le changement (AC) - pour défier Tshisekedi en 2023.
Au cours de sa conférence de presse à Kinshasa, à laquelle assistaient d'autres politiciens de l'opposition, il a critiqué sévèrement le régime de Tshisekedi. Il a dit qu'il se caractérise par l'amateurisme, le mensonge et le détournement des ressources de l'État. Concernant l'insécurité dans l'est du pays, Kabund a déclaré qu'elle reflète l'incapacité du président à diriger le pays.
Kabund était président par intérim de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), le parti de Tshisekedi. Il est également l'ancien premier vice-président de l'Assemblée nationale. Son divorce avec l'UDPS est considéré comme un coup dur pour le parti de Tshisekedi.
L'ancien Premier ministre, Augustin Matata Ponyo, a également annoncé, en mai, son ambition présidentielle en lançant officiellement son parti politique, Leadership et gouvernance pour le développement (LGD). Matata a déclaré qu'il avait un rêve pour son pays qui le ferait suivre les traces du héros de l'indépendance congolaise Patrice Lumumba. "Un rêve comme celui de Patrice Emery Lumumba, avoir au centre du continent une puissance économique au service des Congolais, des Africains et du monde. Ce rêve est possible !"
L'ancien chef du gouvernement a été inculpé l'an dernier par l'État pour avoir prétendument détourné plus de 200 millions de dollars de fonds publics. La Cour constitutionnelle a par la suite rejeté l'affaire en déclarant qu'elle n'était pas compétente en la matière. Matata a dénoncé l'acte d'accusation comme un complot politique contre sa personne destiné à l'empêcher de se présenter pour les élections présidentielles de 2023.
Quelle est la stratégie pour Tshisekedi ?
En 2021, Tshisekedi a nommé un nouveau président de la Commission électorale nationale indépendante, Denis Kadima. L'opposition et la société civile accusent alors Tshisekedi de comploter pour truquer les élections d'ici 2023. Un rapport publié en juin par le Réseau européen pour l'Afrique Centrale (EurAc), cite de nombreuses craintes concernant le manque de préparation du corps électoral à organiser des élections libres et équitables.
'Après la nomination controversée du nouveau Président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) M. Denis Kadima en octobre 2021, la société civile s'inquiète du retard pris dans la mise en place de son équipe, à qui incombera la lourde tâche d'organiser le scrutin et de l'annonce du calendrier électoral fixant les étapes de l'organisation de celles-ci.'
Le rapport de l'EurAc indique que le contexte politique et social dans lequel se dérouleront les élections est également préoccupant et caractérisé par l'absence de consensus entre les parties prenantes, la fragilité du système partisan suite à la réorganisation de la majorité parlementaire, de nombreuses incertitudes concernant la réforme du scrutin électoral en cours, ainsi que la lassitude des citoyens à l'égard du processus électoral.
Bien que Tshisekedi ait choisi Kadima dans l'espoir de l'aider à manipuler le résultat des élections de 2023, les analystes politiques pensent que Tshisekedi est susceptible de gagner plus de temps pour organiser son parti politique, en repoussant les élections au-delà de 2023, invoquant le manque de fonds pour la commission électorale pour faire tout le travail concernant les élections. On craint que si cela se produit, cela déclencherait une crise politique majeure qui sera difficile à surmonter pour Tshisekedi.
Le facteur M23
Depuis la reprise des hostilités entre les forces gouvernementales et les rebelles du M23, Tshisekedi a nié admettre qu'il s'agit d'un problème interne congolais qui nécessite une solution politique. Au lieu de cela, il détourne l'attention en accusant à tort le Rwanda de soutenir les rebelles. Tshisekedi a peut-être raison, d'une part, de porter de telles fausses accusations.
L'Est de la RDC est loin de Kinshasa (plus de 2 500 km) pour qu'il connaisse la réalité sur le terrain alors que les commandants de l'armée et les administrateurs locaux le nourrissent de faux rapports pour leurs propres intérêts. Ce n'est cependant pas une excuse pour un chef d'État de s'appuyer sur des mensonges, car cela expose sa faible et inefficace gouvernance de l'État.
En affirmant que la rébellion du M23 est créée par le Rwanda, Tshisekedi sollicite le soutien et l'unité de tous les acteurs politiques, et de la population en général, pour se concentrer sur "l'ennemi extérieur" et oublier les faiblesses internes de son gouvernement.
Il est largement admis que Tshisekedi pourrait être intéressé par une guerre prolongée avec le M23, pour l'aider à déclarer l'état d'urgence, comme excuse pour reporter les élections.
La grande question est : l'opposition permettra-t-elle à Tshisekedi de jouer ces théâtralités politiques simplement pour sa survie ?
Gad Ntambara
Source : https://fr.igihe.com/Le-bourbier-politique-de-Tshisekedi-a-l-approche-des-elections-de-2023.html
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