Compte tenu des contingences qui règnent au sein de la classe politique, la RDC est incapable d'évoquer les défis évidents ou insidieux, permanents ou nouveaux auxquels est confronter sa diplomatie.
Au-delà de l'actualité moins réjouissante, la RDC est confrontée à des dilemmes en politique étrangère. Elle se refuse de réfléchir aux enjeux et défis et des ajustements aux réponses adéquates.
Comment enrayer l'engrainage des affrontements à l'Est de la RDC sans se défausser sur la Monusco voire le Rwanda.
La prévalence des conflits à l'Est qui dure depuis trois décennies et la nature même de ces conflits multiformes au caractère non étatique des groupes armés ne semble pas être la priorité.
Qu'est-ce qui empêche le pouvoir en place à Kinshasa de se pencher sur les problématiques sous-jacentes des conflits sur son territoire.
Pourquoi il n'existe pas une volonté affichée de s'assurer que des mécanismes soient mis en place pour mettre fin à la souffrance de sa population.
La politique menée par le gouvernement congolais est soumise aux soubresauts des dynamiques internes amplifiée par l'accès facile aux réseaux sociaux ainsi que la tyrannie de l'émotion et du court terme.
On a pris l'habitude dans ce pays de la rumba, de rechercher des effets immédiats et visibles, l'exploitation sinon l'instrumentalisation des émotions intenses générées et entretenues par le bouillonnement permanent.
La population s'indigne et s'impatiente face à la faillite de l'Etat et l'abdication des politiques préoccupés par l'enrichissement personnel.
Cela produit une diplomatie d'annonces, versatile et discontinue qui s'épuise à obtenir la faveur de la communauté internationale.
La dernière réunion du conseil de sécurité du mois de juin 2022 a prouvé que la RDC n'est plus entourée de prestige ni de considération mais plutôt de curiosité ironique et d'incompréhension.
Incapable d'obtenir la levée de l'embargo sur les armes et pourtant on clame être en guerre.
Les congolais sont confrontés au dilemme entre donner la priorité à la justice ou favoriser la recherche de la paix durable.
Le M23 quoique stigmatisé est la seule de toutes les forces présentes à l'Est de la RDC à bénéficier d'un cahier de charge suffisamment légitime avec un appui populaire qui le rend politiquement incontournable.
Mais des députés et des généraux compromis dans l'entretien de ces groupes armés constituent un obstacle d'envergure dans la recherche de la paix.
Pourquoi ce décalage entre la perception des défis et la réalité. Sûrement le clientélisme dans le recrutement et l'orgueil dont la classe politique incarne la caricature.
Il est difficile d'échapper à une certaine sensation de désordre et de désabusement quand on assiste, impuissant aux agissements de ceux qui gèrent la RDC et qui semblent désorientés eux-mêmes et que les solutions leur échappent.
Aujourd'hui, nul ne sait si on cherche à obtenir un cesse le feu (avec qui et pourquoi faire) ou trouver une solution politique durable.
Aucune de ces interrogations n'est négligeable et la liste n'est pas exhaustive.
La RDC rencontre les limites de sa diplomatie plus particulièrement parce qu'elle s'aveugle elle-même.
Tite Gatabazi
Source : https://fr.igihe.com/Aveuglement-diplomatique-en-RDC.html
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