Le Président de la République, Félix Tshisekedi a délégué, le jeudi 25 août, quelques membres du gouvernement de la République à Kwamouth, territoire de la province du Maï-Ndombe pour faire l'état des lieux de la situation sécuritaire et humanitaire en vue de prendre des mesures supplémentaires qui s'imposent dans la partie de la RDC.
Cette partie Sud-Ouest de la République est devenue depuis quelques jours sujet des affrontements entre les éléments de deux communautés rivales Teke et Yaka. Ces tensions inquiètent les autorités et la société civile.
Face à la dégradation de la situation, le Vice-premier Ministre, Ministre de l'Intérieur Daniel Aselo, la Ministre d'État en charge de la Justice Rose Mutombo, le Ministre des Droits Humains Albert Fabrice Puela et le Ministre des Affaires Sociales Modeste Mutinga ont été dépêchés dans l'espoir du retour d'une paix durable entre ces deux communautés qui ont longtemps vécu ensemble.
Cette délégation du gouvernement est accompagnée de quatre députés nationaux dont deux élus du Maï-Ndombe et deux du Kwilu dépêchés par le Bureau de l'Assemblée nationale pour conscientiser la population touchée par les violences suite aux affrontements entre les membres des communautés précitées.
Surplace, une réunion du Conseil provincial de sécurité a été tenue, dans la soirée de vendredi 26 août, dans la salle du Bureau centre de l'Hôpital Général de Kwamouth par le Vice-premier Ministre, Ministre de l'Intérieur, Sécurité, Décentralisation et Affaires Coutumières, Daniel Aselo Okito en prélude des audiences avec des différentes personnalités et autorités coutumières avant l'annonce des décisions susceptibles à ramener la paix et la quiétude dans cette partie Sud-Ouest de la RDC.
Ces audiences s'inscrivent dans le cadre des consultations nationales de la justice transitionnelle initiées par le Ministre des Droits Humains, Albert Fabrice Puela.
Le Vice-Premier ministre et ministre de l'Intérieur, Daniel Aselo regrette que ce conflit ait fait des morts mais récuse des ONG qui veulent manipuler les informations et remonter la population sur cette situation.
"Les Yaka et Teke doivent se rappeler qu'il y a de centaine d'années qu'ils vivent ensemble et qu'il n'y a pas de raisons, pour des ambitions politiques que ces deux peuples qui ont toujours vécu en semble viennent se faire tuer ", a-t-il déclaré.
Retombées de la mission à Kwamouth
Après avoir consulté, ce week-end, les forces vives, les chefs coutumiers, les membres de la société civile locale, le gouvernement de la République a déployé les éléments des FARDC et de la police dans les forêts de Kwamouth, souhaité par la population pour être rassurée du retour effectif de la paix dans leur territoire.
Aussi, l'administrateur du territoire a été suspendu par le Vice-premier Ministre, Ministre de l'Intérieur, Sécurité, Décentralisation et Affaires Coutumières. Cet administrateur a été accusé par la population d'être complice à la détérioration de la situation sécuritaire dans ce territoire.
Dans son message, Daniel Aselo Okito a appelé les uns et les autres à la paix, à la cohésion sociale afin de poursuivre avec leurs activités économiques à la veille de la rentrée scolaire. Il a rassuré la détermination du gouvernement de la République d'arrêter l'hémorragie et d'apporter une paix durable entre ces deux communautés.
Dans cette partie Sud-Ouest du pays, la Ministre de la Justice a fait remarquer qu'il n'y a aucun magistrat sur terrain depuis que le procureur général a été tabassé, il y a de cela quelques mois. Par solidarité, tous les magistrats dans la province ont quitté ce coin.
De ce fait, elle a fait savoir qu'avec le bureau du Conseil supérieur de la magistrature, ils vont voir dans quelle mesure combler ce vide qui, selon elle, est criant dans la province du Maï-Ndombe.
"Nous avons trouvé l'inspectorat de l'auditorat militaire de garnison qui est sur place, il y a quelques inspecteurs qui transfèrent les différents détenus vers la ville de Bandundu soit vers Mushie. Il est grand temps que nous puissions palier à ce vide de magistrats. Nous devons échanger avec le conseil supérieur de la magistrature pour apporter rapidement une solution durable à cette question", a-t-elle déclaré.
D'où vient le conflit
Le conflit porte sur l'occupation des terres et les pouvoirs traditionnels. À l'origine des conflits, la sur-taxation des "Yaka" par les autorités coutumières Teke. D'emblée, il y a eu un désaccord sur les redevances coutumières notamment sur la quantité de tribut à verser aux autorités locales Teke par les non originaires qui sont les Yaka.
Ensuite, les Yaka ont accusé les Teke de leur imposer le renouvellement après 5 ans, des contrats de vente des espaces forestiers déjà acquis auprès des autorités locales. Les Teke rejettent ces accusations et accusent à leur tour les Yaka d'avoir installé des chefs coutumiers en remplacement des autochtones Teke dans certains villages en recourant aux armes.
Des sources locales renseignent qu'une partie des Yaka armée au village de Dumu a pris en otage deux policiers sur les quatre dépêchés pour assurer l'ordre public sur le lieu de conflit. Déjà en 2018, cette province du Maï-Ndombe a été victime des conflits communautaires dans le territoire de Yumbi. Selon l'ONU, des affrontements entre les membres ethniques Ntende et Nunu avaient causé la mort d'au moins 500 personnes.
Teke et Yaka comptent des morts à Masiakwa lors des affrontements
Pas plus tard que le vendredi 19 août, au moins 15 personnes ont été tuées dans des affrontements entre les éléments de deux communautés rivales dans le Sud-Ouest de la République démocratique du Congo.
En début de semaine-là, des violences dans le territoire de Kwamouth, province de Mai-Ndombe, entre Teke qui se considèrent autochtones et les Yaka qualifiés "d'étrangers envahisseurs" avaient déjà fait 7 morts, selon les autorités.
"Les deux communautés se sont affrontées dans le village de Masiakwa. Le bilan est de 15 morts, 8 Teke et 7 Yaka. Ils promettent encore de revenir pour la deuxième attaque", avait déclaré, à l'agence Anadolu, Martin Suta, vice-président de la société civile du territoire de Kwamouth dont relève le village.
Et d'ajouter : "Tout a été réduit en cendre. Il y a des dizaines des blessés, des maisons, boutiques et pharmacies pillées puis incendiées. Le chef du village et sa femme ont été les premières victimes".
D'après cette source, la Gouverneure du Maï-Ndombe, Rita Bola a confirmé ces affrontements et ce bilan, tout en jugeant la situation "extrêmement préoccupante". Dans la foulée, elle a indiqué que le gouvernement a dépêché plus de 200 policiers et soldats pour imposer la paix.
Christian Okende
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