L'ONG journaliste en danger (JED) a rendu public son rapport annuel d'observation et d'analyse sur l'état des médias et de la liberté de la presse en RDC. C'est dans le cadre de la célébration, mercredi 2 novembre 2022, de la journée mondiale de lutte contre l'impunité des crimes commis contre les journalistes.

Ce rapport de journaliste en danger met un accent sur les menaces et attaques enregistrées au cours de l'année 2022 contre les médias et les journalistes congolais.

Dans ce rapport, JED a dénombré au moins 124 cas d'atteintes à la liberté de la presse qui se repartissent de la manière suivante :

  • 49 journalistes menacés
  • 37 journalistes arrêtés
  • 18 journalistes agressés
  • 17 médias ou émissions interdites
  • 2 journalistes enlevés
  • 1 journaliste tué

Ces chiffres sont en augmentation par rapport à l'année 2021 où JED avait compté 110 cas et 116 cas en 2020. JED affirme par ailleurs dans son rapport que 4 ans après l'élection de Félix Tshisekedi et une année des élections la situation actuelle de la presse au Congo n'est ni meilleure, ni pire que ce qu'elle a toujours été.

" Quatre ans après l'avènement du nouveau régime de Félix Tshisekedi au pouvoir, et aÌ€ une année des nouvelles élections annoncées pour marquer la fin de son premier mandat, la situation actuelle de la presse au Congo n'est ni meilleure, ni pire que ce qu'elle a toujours été́ c-aÌ€d une liberté́ de la presse fragile ….. Sous Joseph Kabila, on tuait des journalistes ; on fermait des médias ; on coupait l'internet….. Sous Félix Tshisekedi, c'est le journalisme qui se meurt ".

#ALERTE Depuis la publication de ce tweet, des individus se sont résolus à prendre leur revanche en me réduisant au silence. Je reçois des appels me demandant d'être prêt à subir. Je suis journaliste et je n'ai fait que mon travail. @RSF_fr @hrw @thfessy @Presidence_RDC @UEenRDC https://t.co/NoZ5wlbBgQ

â€" Stéphie MUKINZI (@StephieMUKINZI) November 1, 2022

JED indique que plusieurs facteurs mettent en mal la liberté de l'information en RDC. Il s'agit de l'environnement politique et sécuritaire marqué par des conflits armés dans l'Est du pays, de l'existence d'une loi sur la presse répressive et vieille de plus de deux décennies qui criminalise les délits de presse et prévoit des lourdes peines d'emprisonnement des journalistes.

A ces griefs, il faut aussi ajouter, la multiplication des cas d'abus de pouvoir des personnes qui détiennent une parcelle de pouvoir et qui se vengent des journalistes ou des médias qui les dérangent en toute impunité.

Cette année encore comme les deux années précédentes, les journalistes ont été pris pour cibles dans l'exercice de leurs métiers : agressions verbales ou physiques, menaces, dégradations de leurs matériels de travail lors des reportages, stigmatisation des journalistes lors des déclarations politiques ou dans les réseaux sociaux.

La reprise des affrontements à l'Est du pays entre les Forces armées de la RDC et la rébellion du M23, n'est pas étranger à la situation préoccupante que vivent les médias et les journalistes en RDC.

Pour preuve, le mardi 25 octobre 2022, le porte parole des forces armées, Sylvain Ekenge, s'adressant aux journalistes à Goma (Nord-Kivu), déclarait ceci
" l'heure est grave. Nous sommes en guerre, même si elle n'est pas encore déclarée, mais vous devez vous comporter comme en situation de guerre. Et vous devez agir et travailler en patriote. Nous devons nous comporter en conséquence. Ce n'est pas possible qu'on parle de l'armée n'importe comment. Quand je lis les réseaux sociaux, je me demande s'il y a ceux qui travaillent pour l'ennemi. Sachez que dans aucun pays du monde, on parle n'importe comment de l'armée, de ses plans ou objectifs. Si vous allez servir de pièces de résonnance du Rwanda, ne vous étonnez pas quand les Organes des médias seront fermés ou quand les journalistes seront arrêtés … ".

Ces déclarations sont pour JED des menaces à peine voilées contre la presse indépendante et mettent en danger la sécurité du journaliste.

Ces dernières semaines, les pressions exercées sur les journalistes notamment les correspondants de la presse internationale se sont multipliées et accentuées comme l'indique le communiqué de l'association des correspondants de la presse internationale.

" une rafle par des agents de l'Agence Nationale des Renseignements (ANR), visant l'un de ses membres, en l'occurrence, Steve Wembi, collaborateur de New-York Time… qui reste introuvable ".

Pour mettre fin à cette prédation des journalistes, JED renouvelle, une fois de plus ses recommandations au gouvernement congolais pour créer des conditions qui permettent l'émergence des médias libres, indépendants et professionnels.

Ces réformes passent par une reforme sans délai de la loi actuelle sur la presse en consacrant le principe de la dépénalisation des délits de presse, doter la RDC d'une loi d'accès aÌ€ l'information publique, Mettre fin aux arrestations arbitraires des journalistes et aux fermetures injustifiées des médias, Mettre en place un mécanisme national de protection des journalistes constitué des relais dans les différentes institutions concernées par la question de la sécurité́ afin que les exactions commises contre les professionnels des médias ne restent pas impunies.

David Mukendi

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Source : https://www.politico.cd/encontinu/2022/11/03/37-journalistes-arretes-49-menaces-18-agresses-sous-felix-tshisekedi-le-journalisme-se-meurt-jed.html/119676/