Le service de communication de l'armée ougandaise a annoncé ce jeudi 17 novembre 2022, le déploiement en République Démocratique du Congo, d'un nouveau contingent militaire pour combattre les groupes armés qui sévissent depuis plus de deux décennies dans l'Est du pays et particulièrement avec l'exhumation et la montée en puissance soudaine du mouvement terroriste du 23 Mars [ M23], déjà défait en 2013 et qui occupe à ce jour, une grande partie de Rutshuru et avance vers la ville de Goma, capitale du Nord-Kivu.

Déjà présente sur le territoire congolais depuis fin novembre 2021 dans le cadre des opérations militaires conjointes " FARDC-UPDF " dénommées " Shujaa" contre les ADF, une milice d'origine ougandaise mais qui n'opèrent qui cependant n'opère que dans le Nord-Kivu, l'armée ougandaise se déploiera sur le sol congolais cette fois-ci dans le cadre de la force militaire régionale de la Communauté des États de l'Afrique de l'Est (AEC) tel que décidé par les Chefs d'Etat lors d'un conclave à Nairobi.

Ces forces étrangères sont déployées pour " aider et appuyer " les Forces armées de la République Démocratique du Congo [FARDC] à restaurer l'autorité de l'Etat dans sa partie orientale et ainsi, sauvegarder son intégrité territoriale menacée des exactions contre les civils depuis plus de vingt ans.

Néanmoins, bien avant cette décision validée par les autorités congolaises, le président de l'Ouganda, pays-membre de l'EAC, Yoweri Museveni s'était exprimé sur l'apport des interventions militaires étrangères dans un autre pays, la République Démocratique du Congo en l'occurrence.

Les interventions étrangères déstabilisent la situation intérieure d'un pays

" Verba volant, scripta manent ", les paroles s'envolent, les écrits restent. Cette ancienne maxime latine n'a plus d'effets dans le monde des nouveaux médias. En effet, avec les technologies de l'information et de la communication, les paroles ne s'envolent plus, elles demeurent.

" C'est une erreur de vouloir participer aux guerres des autres, c'est une erreur ". Ces propos fermes sont du Président ougandais, Yoweri Museveni répondant à une question relative à la situation sécuritaire en Somalie au cours d'une interview accordée à France 24 en septembre 2021.

Dans cette entrevue, le Président Museveni avait indiqué que les interventions militaires étrangères déstabilisent la situation du pays hôte.

" Si ces gens veulent se battre, qu'il le fassent eux-mêmes. Ces interventions étrangères déstabilisent la situation intérieure de ce pays [Somalie]. Ici [ en Ouganda Ndlr] nous avons combattu, nous avons mené plusieurs guerres mais nous avons combattu par nous-mêmes. Nous n'avons jamais demandé à personne de venir nous aider et combattre pour nous ", avait martelé le chef d'Etat ougandais.

Il faut que la solution naisse et se développe localement

Poursuivant son raisonnement, Yoweri Museveni avait soutenu lors de cet entretien que son pays [Ouganda], ne pouvait résoudre les problèmes sécuritaires d'autres États. En revanche, il avait souligné la nécessité de trouver et développer la solution localement sans aide étrangère.

" Prenons l'exemple au Mali. Ce qu'aucune force armée nationale n'a jamais émergé. C'est leur responsabilité, s'ils avaient créé une force armée efficace, la situation aurait été résolue depuis longtemps ", avait-il déclaré avant d'ajouter " Nous ne pouvons pas venir et apporter de quoi résoudre leurs problèmes, il faut que la solution naisse et se développe localement ".

Pour illustrer sa déclaration, le Président de l'Ouganda avait comparé le système de défense d'un pays au système immunitaire d'un corps humain. D'après lui, " un pays comme un corps doit pouvoir se défendre seul, s'il ne peut pas le faire ce qu'il souffre d'une forme de SIDA politique ".

" Quand vous avez le SIDA, vos défenses immunitaires ne sont pas suffisantes pour protéger votre corps ", avait-il ironisé.

Il faut noter qu'à ce jour, les forces armés étrangères dont celles du Burundi et du Kenya sont officiellement entrées dans le territoire congolais à la demande des autorités de la RDC pour appuyer les FARDC, conformément aux résolutions du Conclave de Nairobi. Elles sont à Goma où le quartier général a été installé.

Cependant, officieusement et selon plusieurs rapports, les forces armées de certains pays membres de cette structure sous-régionale [EAC] sont présentes depuis des mois. C'est le cas de l'armée burundaise.

En effet, un rapport publié le 27 juillet 2022 par une Organisation non gouvernementale burundaise dénommée " Initiative pour les droits humains au Burundi (IDHB) " révèle que le Burundi a lancé depuis près d'une année, une mission (militaire ) secrète en République Démocratique du Congo.

Selon ce rapport consulté par la rédaction de POLITICO.CD, cette structure renseigne que depuis décembre 2021, l'armée burundaise a envoyé des centaines de militaires dans la République Démocratique du Congo (RDC). Des vagues successives de soldats, renforcés par des membres de la ligue des jeunes du parti au pouvoir, les Imbonerakure, ont été envoyés en mission pour combattre les groupes d'opposition armés burundais de l'autre côté de la frontière.

Sécurité : " L'armée burundaise a envoyé des centaines de militaires pour une opération de dissimulation en #RDC " (Rapport) | Par @NdeoCarmel https://t.co/XXFGJj9xuj

â€" POLITICO.CD (@politicocd) July 27, 2022

Le gouvernement congolais ne s'est pas encore prononcé à sujet. Toutefois, plusieurs rapports dont celui des experts de l'ONU ont attesté la présence des forces armées étrangères particulièrement dans les provinces du Grand-Kivu.

Carmel NDEO

Cet article OPINION: ‪" un pays doit se défendre seul, s'il ne peut pas le faire, ce qu'il souffre d'une forme de SIDA politique " ( Yoweri Museveni) est apparu en premier sur Politico.cd.



Source : https://www.politico.cd/la-rdc-a-la-une/2022/11/18/opinion-un-pays-doit-se-defendre-seul-sil-ne-peut-pas-le-faire-ce-quil-souffre-dune-forme-de-sida-politique-yoweri-museveni.html/121204/