La sempiternelle brouille entre la République Démocratique du Congo et son voisin le Rwanda depuis des décennies semblait se dissiper lorsque Félix Tshisekedi accède à la présidence de la RDC en 2019.

" Artisan " de la paix et de " la diplomatie agissante ", Félix Tshisekedi a depuis son arrivée à la tête de la RDC, opté pour la coopération allant dans le sens de privilégier la paix avec les pays de la région particulièrement le Rwanda avec lequel, les relations n'ont jamais été au beau fixe. Cette volonté ferme exprimée par Tshisekedi de promouvoir la paix et la coopération entre les nations s'illustre notamment par sa maxime: " Au lieu de construire des murs entre nous, il vaut construire des ponts ". Dans ce sens, Félix Tshisekedi avait signé en juin 2021 des deals avec son homologue rwandais, Paul Kagame.

Des accords pour " acheter " la paix

Le 26 juin 2021, la République Démocratique du Congo et le Rwanda ont signé trois accords commerciaux bilatéraux, dont l'un portait sur l'exploitation de l'or en vue d'en assurer la traçabilité, après deux jours de tête-à-tête entre les présidents congolais Félix Tshisekedi et rwandais Paul Kagame.

Concrètement, ces deals portaient sur la protection et la promotion des investissements, sur une convention permettant d'éviter la double imposition et l'évasion fiscale, mais aussi, sinon surtout, sur un accord conclu entre la société congolaise Sakima (société des minerais du Kivu et du Maniema) et une société rwandaise de droit privé connue sous le nom de Dither SA.

Dans ce cadre, la présidence congolaise, par communiqué de presse, a annoncé que Sakima SA (Société aurifère du Kivu et du Maniema) et l'entreprise rwandaise Dither Ltd ont signé un protocole d'accord de coopération afin de " priver " les groupes armés des revenus issus de l'exploitation illicite de l'or.

La cellule de communication du président congolais avait déclaré à l'AFP " qu'il y aura complémentarité entre les deux sociétés qui devraient contrôler la chaîne des valeurs à partir de l'extraction par la société congolaise Sakima et le raffinage par la firme rwandaise Dither SA ".

" Les groupes armés qui tirent des revenus pour financer la guerre avec de l'or ne pourront plus se permettre d'exploiter ou de revendre auprès des acheteurs sur les marchés internationaux ", avait indiqué la presse de la présidence à l'AFP.

Aussi, avec ces accords, le Président Tshisekedi espérait manifestement assécher les voies clandestines par lesquelles les groupes armés opérant au Nord et au Sud Kivu financent leurs opérations en amenant au Rwanda et en Ouganda l'or extrait par les creuseurs artisanaux.

Selon la même source, tous ces accords visaient à établir des relations diplomatiques constructives et à tourner la page des tensions entre les deux pays qui durent depuis 1996, début de la première guerre du Congo. " Nous avons perdu tant d'années à regarder sans agir. Nous ne sommes qu'au commencement, nous allons continuer à élargir nos actions ", avait déclaré en pompe Félix Tshisekedi lors d'une conférence de presse au côté de son homologue rwandais.

De son côté, le président Kagame avait réitéré l'engagement de son pays pour la restauration de la paix, principalement dans la province congolaise du Nord-Kivu. " Le Rwanda s'engage à consentir des efforts, en collaboration avec la RDC, dans le respect de sa souveraineté ", avait-il soutenu.

Une ligne aérienne ouverte pour RwandAir

Outre l'extraction et la raffinerie de l'or congolais par cette société à capitale Rwandaise, la République Démocratique du Congo avait également sur le plan de la protection et la promotion des investissements, ouvert une ligne à la Compagnie Nationale Rwandaise d'aviation RwandAir.

Dans une interview avec le magazine Allemand Taz International réalisée en juin 2019 à Bruxelles, le président du Rwanda, Paul Kagame avait indiqué que le régime de Joseph Kabila a refusé à la compagnie nationale du Rwanda d'ouvrir sa ligne sur Kinshasa.

" Nous avons demandé au gouvernement précédent du président Kabila de permettre à notre compagnie aérienne Rwandair à relier Kigali à Kinshasa. Et ils ont refusé. Je ne comprenais pas pourquoi. C'était juste de la politique. Sous Tshisekedi, ils ont autorisé les vols ", s'était exclamé Kagame. Cependant, en dépit des efforts déployés, la RDC a été poignardée dans le dos.

En effet, la République Démocratique du Congo accuse le Rwanda de soutenir le mouvement terroriste du 23 Mars (M23) qui s'est emparé de plusieurs localités dans le territoire de Rutshuru dont Bunagana, Kiwanja et Rutshur-Centrer. Le pays de Lumumba s'appuie sur différents rapports notamment celui des experts de l'ONU qui atteste le soutien Rwandais au M23.

Lors de sa récente adresse à la Nation, Félix Tshisekedi a déploré le fait que malgré tous ces accords signés, le Rwanda va surprendre en réactivant les terroristes du M23.

" Alors qu'il avait été défait par les armes en 2013, le M23 va refaire surface en prenant notre Armée de court, notamment à Bunagana, cité qu'il occupe depuis le 13 juin 2022. En effet, sous la fallacieuse accusation de soutien des FARDC aux FDLR, le Rwanda a en réalité des velléités expansionnistes avec comme intérêt principal l'appropriation de nos minerais et pour ce faire, il s'active à déstabiliser l'Est du Congo pour créer une zone de non droit en vue d'assouvir ses appétits criminels ", a affirmé Félix Tshisekedi.

Face à l'entêtement de Kigali d'appuyer en troupes et en armes les terroristes du M23 dans l'Est, les autorités de la République démocratique du Congo (RDC) avaient décidé de suspendre tous les accords et les protocoles d'accords conclus avec le Rwanda.

Carmel NDEO

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