A l'approche de 2023, une année électorale en République Démocratique du Congo, des voix s'élèvent pour dénoncer les poursuites judiciaires à l'encontre des personnalités politiques, particulièrement de l'opposition, qui se sont déclarées challengers à la course aux élections présidentielles. Le dernier cas en date, est celui de l'ancien premier ministre et du parti politique de l'opposition Leadership et Gouvernance pour le Développement (LGD), Augustin Matata Ponyo.
En effet, l'ancien premier ministre est poursuivi par la justice pour détournement de fonds publics destinés au projet du parc agro-industriel de Bukanga Lonzo. La cour constitutionnelle qui s'était autrefois déclarée incompétente de le poursuivre, est dans un arrêt rendu le 18 septembre dernier, revenue sur sa décision en se déclarant cette fois-ci compétente.
Dans une déclaration commune faite ce lundi 26 décembre, le prix Nobel de la paix 2018, Denis Mukwege et le coordonnateur de la plateforme de l'opposition " LAMUKA ", Martin Fayulu ont indiqué que l'unité et la cohésion nationale devraient s'imposer pour relever les défis existentiels du pays.
" C'est pourquoi, nous exprimons notre profonde inquiétude sur le caractère non-inclusif du processus électoral en genèse et condamnons fermement ces violations systématiques des libertés d'opinion, d'expression, de réunion et de manifestation garanties par la constitution ", ont-ils alerté.
Dénonçant le manque d'indépendance de la CENI et de la cour constitutionnelle ainsi que la promulgation d'une loi électorale " non-consensuelle et taillée sur mesure ", ces acteurs potentiels candidats à la présidentielle de décembre 2023 soutiennent que le régime en place a confectionné un dispositif de fraude massive.
De plus, ils ont dénoté le raidissement primaire d'un régime en désespoir qui, selon eux, révèle sa détermination à organiser des élections au rabais, qui lui seront favorables en menaçant ou en terrorisant tout candidat déclaré ou potentiel candidat Président de la République.
" Nous condamnons, par ailleurs, la violation ouverte de la Constitution et des lois du pays spécialement en ce qui concerne les poursuites judiciaires engagées contre certains acteurs politiques majeurs du pays dans le seul but de les éliminer du processus électoral en cours. Le dernier arrêt rendu par la Cour constitutionnelle dans le dossier du Sénateur Matata Ponyo Mapon, en violation de l'article 168 de la Constitution en témoigne à suffisance ", ont-ils lancé.
A cet égard, ils ont dans leurs recommandations, exigé l'arrêt de l'instrumentalisation de la justice et des services fiscaux contre les candidats déclarés ou les potentiels candidats Présidents de la République et le respect de la Constitution sur la liberté d'expression, d'opinion, de réunion et de manifestations publiques.
Particulièrement, Denis Mukwege et Martin Fayulu ont réclamé l'arrêt immédiat des poursuites judiciaires à l'encontre du Sénateur Matata Ponyo Mapon, lui qui s'est d'ores et déjà déclaré candidat, conformément à l'article 168 de la constitution.
L'Inspection Générale des Finances a confirmé dans un rapport issu d'une mission d'inspection que le projet de Parc Agro-Industriel de Bukanga-Lonzo est un échec désastreux, qui a coûté à la République plus de 287 millions de dollars américains et que son instigateur, " Matata Ponyo est bien l'auteur intellectuel, matériel et principal de cet échec ainsi que des détournements qui ont eu lieu ".
De son côté, Matata Ponyo rejette ces allégations et affirme n'avoir pris aucun dollar américain investi par le trésor public dans ce projet.
Carmel NDEO
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