L'affaire judiciaire relative aux violences dans les territoires de Kwamouth et Bagata, situés respectivement dans les provinces de Mai-Ndombe et Kwilu, s'est ouverte en chambres foraines de Bandundu ville dans la province du Kwilu, le mardi 13 décembre dernier.

Au total 108 personnes présumées responsables des violences dans ces deux territoires dont 28 agents de l'ordre, sont poursuivis pour des accusations de tueries, d'incendies des maisons ainsi de pillages des biens dans certains villages, par le Tribunal militaire de garnison de Bandundu, Mai-Ndombe ainsi que Bagata, tous siégeant en matière répressive.

Pour cette audience d'ouverture, les militaires Juré Kopozia, poursuivi pour homicide, Tygana Pemule, poursuivi pour tentative de meurtre, Alphonse Engenga, accusé d'être le facilitateur de l'évasion des détenus en prison, ainsi que le policier Laurent Muzinga, accusé d'association des malfaiteurs et de tuerie d'une vingtaine de personnes dans le territoire de Bagata, ont été appelés à la barre.

Débuté le 13 décembre dernier, ce procès devra se terminer d'ici la fin du mois de janvier 2023.

" La réalité est beaucoup plus complexe qu'on ne le croit "

C'est depuis le mois de juin dernier que les hostilités de ce conflit ont débuté à Kwamouth, avant d'atteindre plus tard au mois de septembre, Bagata. D'après les derniers bilans présentés par les autorités provinciales de la province de Kwilu, à ce jour, la ville de Bandundu compte plus de 9.000 personnes déplacées fuyant les violences, issues des territoires de Kwamouth et de Bagata.

Après avoir envoyé une équipe pour s'enquérir de la situation sur terrain, le Cardinal Fridolin Ambongo, Archevêque métropolitain de Kinshasa, affirmait en octobre dernier, la situation délicate à Kwamouth qui dépassait l'entendement et la réalité.

" La réalité est beaucoup plus complexe qu'on ne le croit. Plusieurs groupes ethniques de la République démocratique du Congo sont impliqués dans ce conflit à Kwamouth […] Même si les Yaka sont majoritaires, dans cette contrée, ce n'est pas un conflit ethnique, c'est un conflit autour de la gestion des fermes et des plantations que les autres ont acheté aux Teke ou qu'ils sont en train de louer aux Teke ", déclarait-il.

Dans cette optique, il avait par la même occasion appelé les autorités à multiplier les efforts afin d'éradiquer ce conflit, qui en même temps constituait une menace pour la ville province de Kinshasa au regard de sa proximité avec la partie sud-ouest de l'ex-province du Bandundu.

" Si on n'y prend pas garde ce conflit finira par atteindre Kinshasa. Kwamouth n'est pas loin, c'est juste ici. Quand vous êtes ici, à partir de l'aéroport de Ndjili, toutes les terres qui sont là, au-delà, ce sont les terres des Bateke. Vers le centre-ville, ce sont les terres des Humbus qui sont aussi les cousins des Teke. Vous risquez d'avoir les répercussions de ce qui se passe à Kwamouth dans la ville de Kinshasa ", renchérissait-il.

Par ailleurs, la province du Mai-Ndombe n'est pas à son premier conflit intercommunautaire, en décembre 2018, cette province était déjà le théâtre d'un conflit communautaire entre les membres des ethnies Tende et Nunu, dans le territoire de Yumbi. Causant, d'après un rapport des Nations unies, la mort d'au moins 500 personnes.

Monge Junior Diama

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