Le Livre Blanc publié par Kinshasa accable sérieusement le régime de Kigali, pour son agression " avérée " et des crimes internationaux commis par les forces rwandaises, cerveaux du M23, dans le territoire de Rutshuru, région tourmentée du Nord-Kivu, dans l'Est du pays.

Dans ce livre, consulté par POLITICO.CD, ce lundi 19 décembre 2022, Kinshasa démontre noir sur blanc les sources de financement des terroristes du M23. À l'en croire, ces rebelles s'illustrent dans le commerce des ivoires et d'autres trafics de braconnage des animaux primitifs dans plusieurs aires protégées dans l'Est de la RDC pour financer ses services terroristes.

" Le braconnage des éléphants qui se trouvent dans le réseau des aires protégées de la partie Est de la RDC est une source de financement pour le M23. Ce dernier s'approvisionne en aliments, armes et munitions à partir du commerce des ivoires et autres trafics illicites ", révèle Kinshasa.

En clair, le rapport officiel de l'ICCN et plusieurs autres sources concordantes ont rapporté des faits qui illustrent la fréquence et l'intensité des dommages écologiques, dûs aux activités du M23 dans les aires protégées du réseau de la partie Est de la RDC, susceptibles de constituer des crimes contre l'environnement.

Des faits graves

Le Parc national des Virunga (PNVi) a été victime d'une violente attaque dans la matinée du mardi 16 août 2022 sur le chantier de construction de la nouvelle centrale hydroélectrique de Rwanguba, dans le territoire de Rutshuru (Nord-Kivu). Les deux engins explosifs ont fait des dégâts sur la faune et la flore du parc, a dénoncé l'ICCN dans un communiqué.

Cette attaque, a impliqué des tirs d'artillerie lourde, au milieu du chantier qui comprend des installations résidentielles pour les travailleurs et des ateliers de construction.

Las organisations de la société civile renseignent que les activités du M23 dans ces aires protégées ont plusieurs conséquences sur les gorilles de montagnes. Il s'agit notamment de l'exposition des gorilles aux tirs croisés des belligérants et autres engins explosifs, le traumatisme psychologique lié aux détonations surtout des armes lourdes et une migration désordonnée de ces animaux fuyant dans tous le sens et les exposants au braconnage sans compter le risque d'exposer cette espèce aux éventuelles épizooties qui pourraient la décimer.

Il y aurait à ce jour selon le gouvernement congolais, au moins vingt sept individus de gorilles groupés en trois familles, dont une tente de partir déjà dans la forêt impénétrable de Bwindi, en Ouganda.

" La faune et la flore disparaissent petit à petit, la menace est imminente pour les gorilles de Sarambwe. Non seulement, ils risquent de perdre leur habitat naturel, mais ils sont autant pourchasses " affirme Jean-Paul Kambere, le pisteur le plus influent qui surveille cette espèce depuis 15 ans. Si rien n'est fait dans un bref délai, la réserve de Sarambwe ne restera plus que l'ombre d'elle-même. " ce qui fait encore très peur c'est qu'il y a des foux qui ont récemment été largués dans la réserve et qui ont brûlé un espace considérable à l'intérieur même de la réserve laissant fuir les gorilles ", renchérit le CEPED.

Bien plus, la mise en place d'un poste à sciage des bois en planches installé par des auteurs inconnus dans la réserve de Sarambwe fait que les gorilles ne sont plus très visibles dans cette réserve et les signes de leur présence ne sont plus largement répartis, renseigne le pisteur en chef, qui ajoute qu'en suivant les gorilles, il trouve assez souvent des pièges qu'il détruit directement sur son passage, mais également du sang. Indice de braconnage dans ce secteur.

Dans la même foulée, l'ICCN note la recrudescence de braconnage dans le PNVi suite aux incursions du M23. L'autorité congolaise de la conservation de la nature rapporte que plusieurs pièges sont découverts dans ce patrimoine mondial.

" Actuellement, les sites de distribution de dix familles de gorilles des montagnes sont occupés par les M23 ", révèle le Livre.

Le trafic de bois, une autre source de financement du M23

Le trafic de bois a également alimenté les menaces à la sécurité provenant des groupes criminels organisés et des organisations extrémistes violentes parmi lesquels le M23.

Le livre Blanc note que ces groupes armés sont en lien avec les réseaux de trafiquants basés en Tanzania liés à l'Ahlu-Sunnah Wa-Jama et à d'autres groupes militants au Mozambique, par exemple, qui gagnaient environ 2 millions de dollars par mois grace à l'exploitation forestière illégale.

La destruction des habitats naturels et le développement des activités humaines causent le déclin de centaines d'espèces animales et végétales. Raison pour laquelle la liste rouge de l'ICCN des espèces menacées continue, malheureusement, de s'allonger chaque année après une mise à jour. C'est le cas des gorilles de montagne, une espèce phare, menacée de disparition et d'autres espèces animales emblémetiques du pays, quasiment disparus.

Le livre Blanc ajoute que ces groupes armés, selon leurs modes d'action, ne font pas recours au braconnage pour des raisons de subsistance, mais plutôt pour des raisons économiques ou pécuniaires, et c'est dans ce contexte qu'ils braconnent sans discernement des espèces clés de grande valeur économique, notamment les éléphants pour leur ivoire, les pangolins géants pour leurs écailles, et tant d'autres espèces.

Serge SINDANI

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Source : https://www.politico.cd/la-rdc-a-la-une/2022/12/19/rdc-le-braconnage-des-elephants-dans-les-aires-protegees-de-lest-est-lune-des-sources-de-financement-du-m23-livre-blanc.html/124278/