À un jour de l'arrivée du Pape en République démocratique du Congo, le cardinal Fridolin Ambongo a, dans un entretien accordé à la RFI ce lundi 30 janvier, répondu à plusieurs questions en rapport avec l'arrivée du Saint-père et la situation sécuritaire et humanitaire à laquelle la RDC fait face dans sa partie Est plus précisément, où les M23, avec l'appui du Rwanda, sèment la terreur et la désolation.
L'Archevêque de Kinshasa estime d'abord que la présence de cette grande personnalité sur le territoire congolais est synonyme, pour le pays, de se placer au centre de l'attention de la communauté internationale et influer l'évolution de cette situation dont il est victime.
" Nous avons la certitude que le pape, rien que sa présence ici au Congo, cette visite permettra de mettre la situation au Congo au cœur de l'attention de la communauté internationale. Et le pape trouvera, nous l'espérons aussi, les mots justes pour parler de la situation du Congo, s'adresser aux dirigeants, ceux qui peuvent influer sur l'évolution de la situation au Congo, y compris ce qu'on appelle la communauté internationale ", a-t-il déclaré.
Troisième visite d'un pape en RDC, après celles de Jean-Paul II en 1980 et 1985, Fridolin Ambongo définit cette visite du Pape François " comme un moment de grand honneur que le Pape lui fait ainsi qu'à l'ensemble du peuple congolais ".
Dans un contexte de crise et de misère
Le Cardinal a indiqué également que cette visite intervient dans un contexte de crise et de misère pour le peuple. " Le peuple congolais, dit-il, depuis déjà quelques décennies souffre. En plus, il y a la crise que nous vivons à l'est du pays : l'insécurité, les groupes armés, et pas seulement à l'est mais ici aussi aux portes de Kinshasa, la situation à Kwamouth et dans nos grandes villes, comme ici à Kinshasa ".
En marge de cette crise dans l'Est et la situation à Kwamouth, Fridolin Ambongo a évoqué tout aussi le phénomène " kuluna " qui donne du fil à retordre à la police nationale et met en péril la sécurité des habitants de Kinshasa depuis plus d'une décennie environ.
" Il y a tout le problème des Kulunas, les enfants de la rue qu'on a abandonnés, qui sont devenus des adultes et qui fonctionnent vraiment comme un danger public. Donc le peuple est confronté à cette réalité et c'est dans ce contexte que le pape vient nous visiter. Pour le peuple congolais, c'est une visite vraiment de réconfort ", ajoute-t-il.
Goma, symbole de la complexité de la situation sécuritaire et humanitaire
Le pape, dans sa visite initiale, devait se rendre à Goma en juillet, ce qui n'a pas été le cas. Ce que cette partie de la population considère comme une déception car, estime-t-il, cela aurait été un message fort.
À ce sujet, l'archevêque métropolitain de la ville de Kinshasa Fridolin Ambongo a précisé que la ville de Goma symbolise la complexité de situation que la RDC vit à l'Est sur les plans de la misère sociale, les conflits armés, les catastrophes naturelles. "C'est pourquoi il y a un groupe de plus de soixante personnes qui viendront ici et il [le pape] va les recevoir, il va parler avec eux et il va les bénir ", indique-t-il.
Le Congolais ne vit pas, il survit
Le successeur du Cardinal Monsengwo pense que la RDC est en danger. Cependant, c'est une chose que l'Église catholique a déjà perçu depuis très longtemps et ne cesse de le dénoncer.
" Le pays est en danger d'abord parce que le peuple, le peuple congolais â€" c'est un peuple â€" survit, il ne vit pas mais il survit. Il y a un sentiment un peu général comme si le pays, le peuple, est abandonné. Ça c'est du côté du peuple, conclut-il.
Odon Bakumba
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