La décision de dispatching des zones libérées par les terroristes du M23 aux forces armées régionales de l'EAC, annoncée dans une nouvelle Feuille de route proposée par les chefs d'état-major des armées, jeudi 09 février à Nairobi, continue de faire couler encres et salives dans l'agora sociopolitique congolaise.

Pour le député national André Claudel Lubaya, comme à Berlin en 1885, le Burundi, le Kenya, l'Ouganda et le Sud Soudan, chacun a eu sa part du gâteau pour en disposer pleinement. De ce fait, " sauf reddition tacite des FARDC, le pays n'est plus entier. Son territoire est morcelé, son intégrité rétrécie et sa souveraineté rognée ", dénonce Lubaya, dans une déclaration faite, ce mercredi, à Kinshasa.

Il appui son argumentaire sur un discours du Président Tshisekedi aux représentants des groupes rebelles réunis à Nairobi le 29 Avril 2022. Le chef de l'État, sur fond de l'article 74 de la Constitution, a fait serment de maintenir l'indépendance du pays et l'intégrité de son territoire déclarait de manière sibylline: " Ça ne sert à rien de vous battre pour des morceaux de terre alors que c'est la Communauté des États d'Afrique de l'Est qui deviendra notre pays.. ", avait-il soutenu.

" Ce plan serait-il en train de se réaliser ? ", s'interroge l'élu du Katanga. Et de poursuivre : " Lorsque l'on sait que la Province du Nord Kivu est sous état de siège depuis le 06 Mai 2021, que dans le cadre de la mutualisation des forces, les FARDC et l'UPDF (armée ougandaise) sont censées y mener des opérations militaires conjointes et que la Force régionale (elle coûte 100 Millions de dollars en 6 mois !) a pris en Décembre 2022 le contrôle de Kibumba et plusieurs autres localités lui " cédées " de " bonne foi " par le M23, il devient difficile d'adhérer à la thèse gouvernementale, malgré toutes les explications qu'il s'efforce de fournir sans rassurer, au vu de la réalité sur terrain ".

" Je rappelle enfin au Gouvernement que conformément aux dispositions de l'article 187, alinéa 2 de la Constitution, seules les FARDC ont la mission de défendre l'intégrité du territoire national et les frontières de la RDC et que tout engagement tendant à leur priver d'exercer leur mission constitutionnelle sur une partie du territoire national ne peut que constituer une haute trahison, surtout lorsque l'on sait, aux dires du Gouvernement, que les FARDC sont en train de monter en puissance. Dès lors, les mettre hors du théâtre des opérations au profit des forces étrangères sans mandat adossé par le Conseil de Sécurité de l'ONU serait un acte grave qu'aucune loi de la République n'autorise au gouvernement de cautionner ", rappelle, ensuite, Lubaya.

Par ailleurs, pour apaiser les doutes et dissiper tout malentendu, le député Claudel Lubaya souligne qu'il revient au gouvernement de dénoncer sans détour les conclusions de la réunion susvisée et d'imposer sans atermoiements à ses partenaires de l'EAC, le strict respect de l'intégrité territoriale et la souveraineté de la RDC.

" Au cas contraire, il lui reviendra d'en tirer toutes les conséquences au nom du souverain primaire en se désengageant définitivement de l'AEC dont les ambitions à peine voilées des pays membres menacent gravement l'intégrité territoriale et la souveraineté de notre pays ", a conclu l'élu de Kananga.

Il faut noter que, selon la nouvelle Feuille de route, le partage des zones libérées par les M23 aux armées étrangères est défini comme suit :

  • Burundi: (Sake, Kilolirwe et Kitchanga)
  • Sud-soudan et Kenya: Rumangabo
  • Kenya: Kibumba, Tongo, Bwiza, Kishishe
  • Ouganda: Bunagana, Kiwanja, Mabega.

Serge SINDANI

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