Comme si cela ne suffisait pas, son porte-parole et ministre de la communication, Patrick Muyaya contredit ce qui a été convenu à Bujumbura en présence et avec l'accord du Président Tshisekedi.

Pendant que l'esprit et la lettre du mandat de la force régionale indiquent une mission tampon, Kinshasa entend lui confier un mandat offensif. Puisque sa force régulière s'y est cassée les dents.

Alors que Bujumbura a insisté sur la cessation immédiate des hostilités et un cessez-le-feu, le retrait des groupes armés étrangers et un dialogue politique pour sortir de l'impasse, voilà que le porte-parole du gouvernement congolais rejette cette recommandation et déclare qu'ils ne discuteront jamais avec le M23. Et éloignant ainsi l'issue de la résolution de la crise.

Dans un point presse au ministère de la communication, le ministre Muyaya a déclaré :'Nous ne négocierons pas et nous ne pouvons pas négocier avec le M23. Cela doit être bien clair. Les conditions de négociation et de discussion avec le M23 ou de la reprise de la coopération avec le Rwanda ont été définies par le communiqué de Luanda. Première chose, cessez le feu, retrait et cantonnement à partir du Mont Sabyinyo, ensuite nous discutons.'

Voilà qui est dit et répété.

Patrick Muyaya fait croire que la boussole du Gouvernement Congolais reste la feuille de route de Luanda. Pendant que celle-ci exigeait le divorce des FARDC et les FDLR, ces derniers restent les supplétifs attitrés des premiers.

En marge du Sommet Extraordinaire de Bujumbura, on a vu le Président Tshisekedi apostrophé le Commandant des Forces d'EAC déployées dans le Nord Kivu, le Général Jeff Nyagah. Lui demandant de ne pas soutenir le M23 et qu'il serait dommage que la population s'en prenne aux forces régionales.

Ses propos ont été tenus en présence du Président Kenyan, William Ruto. Et en l'espace de quelques heures, les manifestants déployés dans les rues de Goma ont pillé et cassé les biens des tutsi congolais.

A la question posée si la RDC faisait confiance aux forces régionales, il a emprunté une pirouette en disant qu'elles ont l'obligation d'affronter le M23 mais qu'elles s'en abstiennent. Il a même dit qu'il comprenait la colère des manifestants, une manière sournoise de les soutenir.

Les déclarations de Muyaya vont à l'encontre des résolutions du sommet extraordinaire. L'un des participants a révélé à IGIHE sous le sceau de l'anonymat que le point capital était le dialogue politique.

Le Secrétaire d'Etat au Ministère des Affaires étrangères, Nshuti Manasseh, a pour sa part, déclaré à IGIHE que les Chefs d'Etat ont privilégié le dialogue politique comme seule voie raisonnable de faire taire les armes entre le gouvernement congolais et le M23.

'Les Chefs d'Etat de la région ont convenu que c'est la meilleure des solutions au problème à l'Est de la RDC. Une fois que ceci est acté à l'unanimité de la région, il faut une mise en application sans quoi les forces régionales n'auraient rien à faire en RDC.'

Et d'ajouter que dans toutes les discussions sur le déploiement des forces régionales il n'a jamais été question de combattre le M23., a noté le secrétaire d'État.

Le Sommet Extraordinaire a décidé de l'augmentation des effectifs militaires et le début du dialogue politique.

Tite Gatabazi



Source : https://fr.igihe.com/Tshisekedi-renie-le-sommet-de-Bujumbura.html