Elle a déclaré ce mardi 14 mars 2023 sur le plateau de TV5 Monde, que les propos du président Kais 'ont fait beaucoup de mal'.
Louise Mushikiwabo a déclaré qu'elle a été personnellement choquée par ce discours haineux et raciste, venant d'un président qui dirige un pays africain et arabe.
" La Tunisie est un pays africain et arabe, il n'y a aucun doute là-dessus. Les propos du président Tunisien ont fait beaucoup de mal, je viens d'un pays ou il existe des parcs pour animaux. On ne parle pas de hordes pour les humains. "
Lors d'un conseil de sécurité nationale réuni le 21 Février 2023 sur la question de migration illégal, M. Saïed a évoqué des " hordes de migrants clandestins " dont la présence en Tunisie serait, selon lui, source de " violence, de crimes et d'actes inacceptables ".
Elle a indiqué qu'il était d'autant plus décevant que la Tunisie, membre de l'OIF, une organisation fondée sur la rencontre et la richesse des personnes, traite les immigrés de cette façon.
" J'ai eu l'occasion d'exprimer mon mécontentement. Je lui ai envoyé une longue lettre, juste après ces propos et j'ai reçu dans mon bureau l'ambassadeur de Tunisie ici à paris. "
Mushikiwabo avait co-présidé avec M. Saied le dernier sommet de la Francophonie en novembre 2022 à Djerba, une île tunisienne à l'est du pays.
Elle a ajouté que parler de migration illégale est normal mais que ces propos du chef d'Etat sur la question ont fait beaucoup de mal.
" Sincèrement les propos du Kais ont vraiment révolté beaucoup d'africains dont moi-même. Je viens de l'Afrique subsaharienne, j'ai vécu et travaillé en Tunisie, ce n'est pas du tout comme ça que je vois la Tunisie ".
Après le tollé suscité par son discours, le président tunisien Kaïs Saïed s'est défendu de tout racisme envers les Africains subsahariens, estimant que son message a été mal interprété par ceux qui "veulent nuire à la Tunisie".
Le président Kais, a déclaré après les révoltes que " le but de son discours était de renforcer la légitimité de la Tunisie vis-à-vis des étrangers'.
La rhétorique haineuse et raciste du président Kaïs Saïed, condamnée par des ONG dont Amnesty Internationale et la ligue des droits de l'homme, entre autres, a déclenché une flambée de violence raciste à l'égard des migrants d'Afrique subsaharienne.
Des groupes sont descendus dans la rue et ont attaqué des immigrants, des étudiants et des demandeurs d'asile d'Afrique Subsaharienne.
Beaucoup d'entre eux ont été arrêtés et expulsés par la police, et des dizaines de migrants se sont précipités à leurs ambassades pour demander leur rapatriement.
Selon Amnesty Internationale, des attaques et des violences à l'égard des africains subsahariens se poursuivent en Tunisie.
D'après les chiffres officiels, la Tunisie compte plus de 21 000 ressortissants de pays d'Afrique subsaharienne, en majorité en situation irrégulière, soit moins de 0,2% d'une population totale d'environ 12 millions.
Henriette Akimana
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