Plus de 150 000 personnes déplacées du territoire de Lubero, dans la province du Nord-Kivu, nécessitent urgemment une assistance humanitaire et médicale, alertent les équipes de Médecins Sans Frontières (MSF) dans un communiqué de presse rendu public ce mardi 15 mars, d'après les évaluations menées et les données collectées conjointement avec le comité des déplacés.
En effet, à la suite des récents combats dans la zone de santé de Kibirizi, situé au centre de la province du Nord-Kivu, la population a été contrainte de fuir vers le nord pour se mettre à l'abri, principalement dans les localités de Kayna, Kirumba et Kanyabayonga. Cette population aurait trouvé refuge à Lubero, vivant dans le dénuement le plus total, où très peu d'ONG sont présentes. Même si l'accès à la zone est très limité avec les vols humanitaires qui sont suspendus, MSF en appelle aux humanitaires à se mobiliser dans les plus brefs délais avant que la situation s'aggrave davantage.
Une augmentation de cas de malnutrition
À en croire Caroline Seguin, coordinatrice des opérations d'urgence pour MSF au Nord-Kivu, environ 87 000 personnes étaient déjà réfugiées dans la zone de santé de Kibirizi avant de fuir à nouveau. Durant ces six derniers mois, indique-t-elle, ces familles n'ont reçu aucune assistance médicale et humanitaire, conséquences : augmentation de cas de malnutrition chez les enfants et les adultes.
" Ces personnes manquent de biens de première nécessité et principalement de nourriture. La plupart des personnes déplacées sont hébergées au sein de la communauté qui elle-même subit les effets de la crise ", explique Caroline Seguin, qui signale aussi qu'avant ces nouvelles arrivées, la situation était aussi précaire pour la population hôte, notamment en termes d'accès aux soins.
" La majorité des structures de santé sont vides : aucun médicament et très peu de patients puisque les soins sont payants et que les habitants n'ont pas les moyens de se soigner. Or, les besoins sanitaires sont immenses, à un moment où les cas de rougeole et de malnutrition augmentent ", poursuit-elle.
Appel aux humanitaires
Pour répondre à cette situation d'urgence, les équipes de MSF vont soutenir plusieurs structures de santé dans la zone de santé de Kayna, en fournissant notamment des médicaments et en permettant à la population déplacée et autochtone d'avoir accès à des consultations médicales gratuites.
" Vu l'ampleur des besoins, notre aide ne suffira pas. Aujourd'hui, nous appelons l'ensemble des acteurs humanitaires à se mobiliser pour organiser l'acheminement de l'aide à cette population en détresse ", argumente la coordinatrice des MSF et précise que depuis le mois d'octobre 2022, ces familles ont dû, pour la plupart, se déplacer plusieurs fois et sont aujourd'hui
complètement épuisées, moralement et physiquement.
" Actuellement toute l'aide à destination du Nord-Kivu est focalisée sur Goma, mais pour les habitants et les déplacés des zones reculées, notamment dans le territoire sud de Lubero et la zone de santé de Kibirizi, ces familles restent livrées à elles-mêmes et ne reçoivent aucune aide ", conclut Caroline Seguin.
Il sied d'indiquer que depuis un an et la reprise des affrontements, le MSF est intervenu à Rutsuru, Mweso, Kanyaruchinya, Munigi, Bulengo et Sake, pour répondre aux besoins sanitaires des populations déplacées. Par ailleurs, les équipes constatent une lenteur " difficilement explicable " dans la réponse humanitaire marquée
par un manque de coordination et ce malgré des financements disponibles et la présence de très nombreuses organisations à Goma. Il est plus que jamais urgent d'apporter de l'aide à la hauteur des besoins des populations impactées par ce conflit, alerte le MSF.
Odon Bakumba
Cet article Nord-Kivu: MSF alerte sur l'augmentation des cas de malnutrition dans la zone de santé de Kibirizi est apparu en premier sur Politico.cd.
0 Commentaires