" Protéger l'intégrité territoriale de la RDC incombe au gouvernement congolais et à son armée. n'attendez pas de l'ONU qu'elle règle des choses de manière magique et de manière instantanée à la place des autorités congolaises ". Ces propos de Nicolas de Rivière, ambassadeur de la France à l'ONU et co-président de la délégation du Conseil de Sécurité, en visite en RDC énervent les autorités congolaises.

L'adrénaline est montée lorsque les diplomates onusiens ont dédouané l'ONU de toute responsabilité dans la détérioration de la situation tant sécuritaire qu'humanitaire dans la partie orientale du pays.

En réponse, le gouvernement de la RDC qui affirme que la dégradation de la situation sécuritaire dans l'Est est un héritage des Nations unies, a qualifié de " scandaleux et inadmissible ", la prise de position de ses délégués censés examiner les causes profondes de cette situation et en apporter les réponses adéquates.

" La situation que nous connaissons aujourd'hui est un lourd héritage qui a été légué au Président Félix Tshisekedi et qui s'emploie chaque jour dès son investiture à régler cette facture de manière que nous puissions vivre dans la normalité républicaine, démocratique et sociale. Donc ça ne nous gêne pas du tout d'en parler en toute franchise. C'est extrêmement grave, c'est une erreur de penser que les autorités actuelles de ces pays pensent qu'il y'a un pays au monde qui résoudra les problèmes congolais quel qu'il soit. De la même manière, il est inadmissible, incorrect à la limite du scandaleux que d'imposer à un pays, la République démocratique du Congo à l'époque le zaïre d'accueillir les génocidaires qui venaient fraîchement d'endeuiller l'humanité… Lorsque la RDC a refusé, mieux refouler les génocidaires, la voix est venue d'où ? Il est donc à la limite du scandaleux de dire à ce pays qu'on a contraint à faire ça, que ce pays est responsable du drame que connaît ses populations. Ce n'est pas juste et c'est inadmissible ", a argué Christophe Lutundula lors d'un briefing tenu à Kinshasa autour de l'évolution du front diplomatique face à l'agression contre la RDC.

Le Chef de la diplomatie congolaise estime qu'il est extrêmement grave que les Nations-Unies fassent le ponce Pilate après avoir imposé au Zaïre, actuelle RDC d'accueillir les génocidaires venus du Rwanda.

" Il est également extrêmement grave et inadmissible que l'on vienne pour effectuer une mission noble, qu'on vous fasse un diagnostic et faire le ponce Pilate. Cela n'est pas possible. Si nous sommes avec les Nations unies c'est parce que nous sommes des congolais corrects. Dans la charte des Nations chapitre premier, article premier; parmi les objectifs fondateurs des nations unies, c'est la sécurité et le maintien de la paix à travers le monde ", a-t-il martelé.

La RDC ne s'attend pas au miracle de l'ONU

Dans la suite de sa réplique, Christophe Lutundula a souligné que loin de s'attendre à un miracle des Nations Unies, la RDC exige cependant l'application des sanctions prévues dans la charte de cette organisation planétaire. " On ne doit pas compter sur les Nations Unies mais on doit compter avec les Nations Unies. Nous disons qu'il y a une Charte des Nations Unies et d'autres instruments juridiques qui gèrent les nations, ceux-ci peuvent servir à l'application de ces sanctions ", a-t-il ajouté.

" Nous avons demandé à la délégation du Conseil de sécurité lors de son récent séjour en RDC que tous les rapports existants (Rapport Mapping et le rapport des experts des Nations Unies), soient examinés et qu'on en tire toutes les conséquences. Pour cela, il faut appliquer les sanctions puisque celles-ci existent", a insisté le vice-Premier ministre Lutundula.

Insécurité dans l'Est, héritage l'opération Turquoise de l'ONU

Isolé sur le plan diplomatique par la France, la Belgique et les États-Unis, le président-maréchal zaïrois, Mobutu a fini par accepter l'inacceptable.

En effet, pour renouer avec ses soutiens occidentaux, Mobutu Sese Seko a mis à la disposition des troupes françaises les aéroports de Goma et de Kisangani en vue de l'intervention organisée par la France et autorisée par la résolution 9291 du 22 juin 1994 du Conseil de sécurité des Nations Unies lors du génocide des Tutsis au Rwanda.

Baptisée " Turquoise ", cette opération était à la base présentée comme une initiative humanitaire. En réalité, forte d'un déploiement de plus de 2 500 hommes, elle avait pour mission de mettre fin, éventuellement par la force, aux massacres partout où cela aurait été possible. Mais cette importante intervention militaire n'a pu empêcher l'arrivée massive de millions de réfugiés hutus, parmi lesquels des génocidaires, dans le territoire zaïrois. Fuyant les massacres au Rwanda, des flots humains, civils et militaires se sont réfugiés vers ce qui était encore le Zaïre. Leur présence sert de prétexte à Paul Kagame pour déstabiliser et piller la région du Kivu. Massacres, invasions, traques sont les conséquences directes depuis 20 ans.

Carmel NDEO

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