Au cours d'une conférence de presse tenue, lundi 24 avril, dans la ville de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, le Général Jeff Nyagah, commandant de la Force régionale de la Communauté d'Afrique de l'Est (EAC) a affirmé que le retrait du M23 des zones qu'il maintient sous occupation et le cantonnement des combattants de ce mouvement terroriste sont des " questions politiques " qui ne relèvent pas du mandat de la Force militaire de l'EAC.
A en croire les propos du Général Jeff Nyagah, certaines de ces questions relèvent plutôt du mécanisme Ad hoc de vérification de la Communauté d'Afrique de l'Est.
" Cela ne relève pas de notre mandat de répondre aux questions politiques ; qui est congolais et qui ne l'est pas. Y-a-t-il un cessez-le-feu entre les FARDC et le M 23 ? Les hommes du M23 sont-ils en train de se retirer ? S'orientent-ils vers le mont Sabinyo ? Y-a-il des infrastructures d'accueil sur le site de cantonnement à Sabinyo ? Ce ne sont pas des questions de l'EAC-RF, ce sont des questions politiques ", a-t-il insisté, dans des propos rapportés par la radio onusienne.
Par ailleurs, cet officier de la Force régionale de l'EAC a épinglé les défis auxquels ses troupes sont confrontées dans la zone de déploiement dans le Nord-Kivu, entre autres, dans les territoires de Rutshuru, Nyiragongo et Masisi.
" Ce que nous souhaitons, c'est que le cessez-le feu continue "
Pour le Général major Jeff Nyagah, les susdits défis concernent notamment le retrait partiel du M23 de la zone qu'il occupe, l'activisme d'une centaine de groupes armés ainsi que l'impréparation des sites de pré-cantonnement des terroristes du M23.
" Ce que nous souhaitons, c'est que le cessez-le-feu continue, que les routes principales soient ouvertes, Bunagana-Kibumba-Goma, Kitshanga-Kilolirwe-Goma. Et trois, que les groupes armés soient contrôlés. Ils sont très nombreux, plus de 120 et chacun vient avec une dynamique et des défis différents ", a-t-il expliqué.
Selon la radio onusienne, le Général Jeff Nyagah a précisé que la solution aux conflits armés dans l'Est de la République démocratique du Congo " est un processus et non un événement ". Il a en même temps appelé la population à la patience stratégique, en garantissant que le mandat de la Force régionale est de " restaurer la paix et la sécurité dans l'Est du pays tout en assurant l'intégrité du territoire national de la République démocratique du Congo ".
Dans la chute de son speech, le Général Jeff Nyagah a également évoqué des allégations faisant état du maintien des terroristes du M23 habillés en civil dans les zones où ils sont supposés s'être déjà retirés.
En RDC, la Force régionale de l'EAC peine à convaincre
Comme la Mission des Nations unies en République démocratique du Congo (MONUSCO), la Force régionale de la Communauté d'Afrique de l'Est (EAC) peine à convaincre et à faire de l'unanimité, au regard de ses actions menées sur terrain.
Le samedi 22 avril dernier, le gouverneur de province du Nord-Kivu, sous état de siège, le général Constant Ndima dénonçait, la reprise par le M23, de certaines positions qui étaient dégarnies dans quelques localités des territoires de Rutshuru, Masisi et Nyiragongo et ce, malgré le déploiement effectif des troupes de la Force régionale dans ce coin de la République.
" Curieusement, les contingents se sont déjà déployés. Mais, au moment où je vous parle, nous constatons aussi qu'il y a reprise des positions. C'est ce que nous disons, ce n'est pas conforme au mémorandum d'entente et aussi à la décision du communiqué de Luanda. La population semble être déçue avec le déploiement et l'exécution de la feuille de route de Luanda. Nous constatons que la feuille de route n'est pas tellement respectée à la lettre ", déclarait le gouverneur militaire Constant Ndima.
Un jour plutôt, le Comité laïc de coordination (CLC) annonçait pour sa part, son opposition à une éventuelle prorogation du mandat des Forces de la Communauté d'Afrique de l'Est déployées dans le Nord-Kivu.
" Aucune prorogation ne doit être acceptée, si ce mandat n'est pas offensif et clair. Parce que des mandats flous parviennent toujours à nous mettre dans une situation de confusion. Le déploiement des FARDC dans les zones abandonnées par le M23, doit être clairement énoncé dans le mandat ", estimait sur les ondes de la radio onusienne, le coordonnateur urbain du CLC à Goma, Jackson Kitambala.
Monge Junior Diama
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