Les troupes de l'armée ougandaise [Uganda People's Defence Force, UPDF] déployées en République démocratique du Congo dans le cadre de la force régionale de la Communauté de l'Afrique de l'Est (EAC) ont officiellement pris le contrôle de Bunagana, première localité occupée par le M23 depuis juin 2022 et ce, conformément au retrait programmé des Chefs d'Etat.
A leur arrivée, les militaires ougandais se sont affichés relaxants et souriants aux côtés des terroristes du M23 qu'ils sont censés combattre conformément au " mandat offensif " leur confié à la force régionale, selon le gouvernement de la République démocratique du Congo. Si les différentes images partagées par l'armée ougandaise ont enflammé la toile, c'est pourtant une position d'un haut responsable de l'armée ougandaise qui a suscité l'indignation dans l'opinion congolaise.
En effet, le 31 mars, le fils de Yoweri Museveni et général de son état, a déclaré que les M23 sont ses frères et qu'il n'est pas nécessaire de les combattre, il a suggéré plutôt un dialogue. La veille, le président ougandais lui-même affirmait que ses troupes ne sont pas sur le sol congolais pour ouvrir le feu sur le M23. Une position qui a été réitérée avec hargne par le porte-parole de l'armée ougandaise ce lundi 03 avril.
Depuis, plusieurs interrogations ont refait surface sur le rôle qu'aurait joué l'Ouganda, dans la prise de cette cité stratégique par le M23. Celles-ci sont également axées sur la nature de son mandat qui n'est pas si claire pour toutes les parties prenantes. Kinshasa insiste sur le caractère offensif de la force, ce que les Ougandais et tanzaniens démentent soutenant une mission de maintien de la paix. C'est dans ce contexte que des députés s'interrogent sur ce que va faire concrètement cette force.
Le député national, Juvénal Munubo a adressé une question orale avec débat au vice-premier ministre, ministre de la Défense Jean-Pierre Bemba sur la participation de l'armée ougandaise dans cette force. L'élu de Walikale s'appuie sur un rapport de l'ONU qui affirme que l'Ouganda a servi de base arrière au M23.
" Ces soldats ougandais arrivent en République Démocratique du Congo, au moment où l'Ouganda est cité par un Groupe d'experts des Nations Unies, en juin 2022, ensemble avec le Rwanda, comme pays ayant fourni une base arrière au M23 ",a-t-il précisé tout en rappelant que l'Ouganda a été reconnu en 2005 par la Cour internationale de Justice (CIJ) comme pays agresseur de la RDC et sommé à payer des dommages et intérêts à cette dernière.
#EXCLUSIF #RDC : Recrutement, réarmement et réorganisation du M23, l'Ouganda et le Rwanda ont servi de base arrière | Par @StephieMUKINZI https://t.co/qbt1WbfA3Y
â€" POLITICO.CD (@politicocd) June 22, 2022
Juvénal Munubo veut aussi comprendre comment le gouvernement congolais a implicitement accepté et cautionné l'entrée des troupes ougandaises sur son territoire au moment où la population de l'Est est, selon ses termes, " majoritairement très critique " des prestations de la Force régionale des Etats d'Afrique de l'Est (EACRF) et souhaite d'ailleurs son départ.
A cette question, le vice-premier ministre de la Défense a été exhorté à indiquer la position officielle du gouvernement congolais sur le bilan de la Force régionale des Etats de l'Afrique de l'Est et les voies et moyens pour mettre fin à l'agression dont le pays est victime de la part du Rwanda et de l'Ouganda.
Dans une lettre adressée au conseil de sécurité des Nations-Unies, datée du 10 juin 2022, les membres du groupe d'experts de l'ONU sur la République démocratique du Congo sont largement revenus sur le fonctionnement du mouvement du 23 mars â€" communément appelé " M23 " considéré par Kinshasa comme un groupe terroriste.
Parvenue et exploitée exclusivement par la rédaction de POLITICO.CD, la lettre des experts du conseil de sécurité des Nations-Unies expliquait explicitement comment le Rwanda et l'Ouganda, deux pays frontaliers de la RDC et soupçonnés de soutenir ce mouvement terroriste ont servi de béquille pour que le M23 se réorganise, se réarme et recrute de nouveaux hommes dans ses rangs.
Carmel NDEO
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