Dans une interview à Iwacu-Burundi, Me Bernard Maingain, porte-parole du collectif, estime que l'interpellation du Gen. Bunyoni marque un tournant important dans cette quête de la justice.

Selon lui, Bunyoni, qui était à la tête de la police du Burundi lors de la l'étouffement des manifestations contre le troisième mandat de feu Pierre Nkurunziza entre 2015 et 2016, a joué un rôle crucial durant cette période de violence.

Le collectif a recueilli de nombreux témoignages soulignant son implication dans les crimes contre l'humanité commis à l'époque.

Quant à la question de savoir quelle Cour peut juger Bunyoni, Me Maingain est clair : en l'état actuel des informations, il s'agirait des juridictions burundaises.

Cependant, il note que les crimes contre l'humanité relèvent également de la compétence universelle de la Cour pénale internationale (CPI).

Les juridictions burundaises ont compétence puisque les crimes ont été commis sur son territoire et ont ciblé des citoyens burundais.

Le collectif a fourni de nombreuses preuves documentées, dont des témoignages, des photos et des vidéos, attestant de l'implication du Gen Alain Guillaume Bunyoni dans les crimes commis au Burundi.

Ces preuves ont été recueillies grâce au courage et au civisme de la population burundaise qui a collaboré avec les autorités de poursuite à La Haye. Le collectif espère que ces preuves seront suffisantes pour lancer des poursuites contre Bunyoni.

Lorsqu'on aborde la question de la défense potentielle du Gen Bunyoni, Me Maingain admet que l'accusé peut invoquer "l'intérêt supérieur de la Nation".

Cependant, il affirme que le collectif dispose d'arguments solides pour contrer cette thèse. Il souligne que la sécurité nationale ne peut justifier de centaines de morts civils, victimes d'une répression brutale, simplement parce qu'ils s'opposaient à une décision illégale des autorités.

Me Maingain est également conscient du fait que la poursuite de Bunyoni pourrait susciter un réflexe solidaire au sein du pouvoir au Burundi.

Toutefois, il reste déterminé à faire avancer la cause de la justice : "La Justice doit bien, un jour ou l'autre, admettre que Bunyoni n'est pas le seul responsable, mais aussi que tous les hommes politiques au pouvoir au Burundi n'ont pas commis les crimes sous enquête à la CPI."

Bien que la route vers la justice soit encore longue et semée d'embûches, le Collectif des Avocats des parties civiles burundaises, "Justice for Burundi", est plus déterminé que jamais à faire toute la lumière sur les crimes commis lors de la répression de 2015-2016 au Burundi. Leur message est clair : ceux qui ont commis ces crimes doivent rendre des comptes, peu importe que ce soit à Bujumbura ou à La Haye.

Me Bernard Maingain, porte-parole du Collectif des Avocats des parties civiles burundaises, "Justice for Burundi".

Franck_Espoir Ndizeye



Source : https://fr.igihe.com/Affaire-Bunyoni-sortie-mediatique-remarquee-de-Justice-for-Burundi.html