Ce dernier met en avant les tensions entre le Rwanda et la République Démocratique du Congo (RDC), et critique le choix de la ministre de l'intérieur et du Parlement britannique d'envoyer des demandeurs d'asile au Rwanda, en raison de la menace croissante dudit conflit. Cependant, la réalité est beaucoup plus complexe que Latham ne le suggère.

Latham, l'auteur de l'article paru ce jeudi 18 mai 2023, souligne la colère du Président congolais, Félix Tshisekedi, vis-à-vis du soutien présumé du Rwanda aux rebelles M23, une rébellion active dans l'Est de la RDC à cheval entre la frontière commune des deux pays, ce que Kigali a toujours réfute énergiquement.

Alors que cette situation est préoccupante il est vrai, il est également important de souligner que le conflit n'est pas unilatéral, et que la RDC a également été accusée d'héberger et de soutenir des groupes rebelles comme les FDLR, qui menacent la sécurité nationale.

Par ailleurs, il est prématuré de prédire une guerre imminente, le Rwanda ayant toujours fait preuve de retenue face à une attitude belliqueuse du géant aux pieds d'argile.

Les deux pays ont, certes, une histoire de relations tendues, mais ils ont aussi une histoire de dialogue et de résolution des conflits. Le fait que les deux nations soient engagées dans des pourparlers de paix réguliers est un détail crucial que Latham néglige de mentionner.

Quant à l'argument selon lequel Suella Braverman et Rishi Sunak ignorent les mises en garde de ceux qui "savent mieux", il convient de noter que le gouvernement britannique possède des services de renseignements et d'analyses qui sont parmi les meilleurs du monde. Les décisions ne sont pas prises à la légère, et il est probable que le plan d'envoi de migrants au Rwanda a été élaboré en tenant compte de nombreuses variables et sources d'informations.

En outre, la suggestion que le Rwanda est un État autocratique en proie à une opposition interne est discutable. Le Rwanda a certes des défis politiques, mais il a également réalisé des progrès remarquables dans le domaine de la stabilité depuis la perpétration du génocide contre les Tutsi en 1994. Le pays est largement reconnu pour sa résilience et son engagement dans la reconstruction vers le développement.

M. Brian Latham ferait mieux de ne pas réduire le débat sur les réfugiés à une vision unidimensionnelle et simpliste. La situation est complexe et nécessite une analyse nuancée et responsable, apres avoir consulté les deux parties qui ont signé le deal, ce qui n'est pas le cas dans le papier dont on fait état ici.

Jean Jill Mazuru



Source : https://fr.igihe.com/La-complexite-de-la-question-des-migrants-vers-le-Rwanda-une-reponse-a-Brian.html