Floriane Irangabiye, défenseuse des droits de l'Homme et journaliste pour la radio en ligne Igicaniro, un média créé par l'association "Fraternité" qui regroupe des Burundais en exil, principalement dans différents pays de l'Afrique de l'Est, est accusée d'atteinte à la sécurité intérieure de l'Etat.
Cette décision a suscité le regret de nombreux observateurs et défenseurs des droits de l'homme, qui y voient une manipulation de la justice burundaise par le régime du CNDD FDD.
Selon Maître Gustave Niyonzima, président du collectif des avocats pour la défense des victimes de crimes de droit international commis au Burundi, cette confirmation de jugement est un coup dur pour les défenseurs des droits humains et les journalistes.
Il a déclaré : "La confirmation par la Cour d'Appel de Mukaza du jugement du Tribunal de grande instance ayant condamné la journaliste Floriane Irangabiye à 10 ans de prison est une déception pour tous les défenseurs des droits humains et les journalistes."
Il a ajouté : "Cela démontre l'écart entre les affirmations du président Evariste Ndayishimiye sur la liberté d'expression et d'opinion au Burundi et la réalité sur le terrain."
Maître Gustave Niyonzima estime que cette confirmation, à la veille de la Journée internationale de la liberté de presse, ternit davantage l'image du Burundi sur la scène internationale. Elle pourrait remettre en cause le statut A que le Burundi avait obtenu au Conseil des droits de l'homme, en raison de la persistance des violations des droits humains au Burundi, ainsi que de l'absence de liberté de la presse.
Le CPJ, Comité pour la Protection des Journalistes, a qualifié cette décision de "très honteuse".
Muthoki Mumo, représentante du CPJ en Afrique sub-saharienne, a déclaré : "Cette décision très honteuse arrive un jour avant la Journée internationale de la liberté de presse, où les journalistes sont censés célébrer leur profession. C'est un rappel du calvaire que traversent les journalistes burundais."
Elle a qualifié cette condamnation en appel de la journaliste de la radio en ligne "Igicaniro" de "terrible nouvelle".
Mumo a également déploré les irrégularités qui ont marqué cette affaire, Floriane Irangabiye ayant été détenue pendant plusieurs jours dans un cachot des services secrets burundais et privée des visites de sa famille l'année dernière, avant d'être présentée à un juge.
"Nous allons continuer d'exiger sa libération", a insisté Muthoki Mumo.
La famille de Floriane Irangabiye a été informée de la décision en début d'après-midi. Un membre de la famille a déclaré : "Nous sommes très choqués et ne savons plus quoi faire."
Selon la défense de cette journaliste de la radio en ligne "Igicaniro" en exil au Rwanda, le juge d'appel a maintenu la même peine contre Floriane.
Me Eric Ntibandetse, l'avocat de la défense, a déclaré : "Nous allons interjeter appel."
En cette Journée mondiale de la liberté de presse, il est important de noter que Floriane Irangabiye, une Burundaise résidant au Rwanda depuis 2012, est la seule femme journaliste en prison dans toute l'Afrique et a déjà passé 8 mois derrière les barreaux de la prison de Muyinga.
Franck_Espoir Ndizeye
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