Munyeshyaka a été excommunié par le pape le 23 mars, selon une déclaration de Christian Nourrichard, évêque d'Évreux, en France, où il a vécu pendant près de trois décennies.

En 1994, il était le vicaire de la paroisse Sainte Famille à Kigali.

"C'est une bonne décision pour l'Église de respecter les principes régissant les prêtres, mais nous comprenons que Munyeshyaka a été puni en raison de la naissance d'un enfant qu'il a reconnu comme le sien et non de son rôle dans le génocide de 1994 contre les Tutsis", a déclaré Naftal Ahishakiye, le secrétaire exécutif d'Ibuka.

Et d'ajouter : "Nous nous demandons pourquoi les crimes qu'il a commis pendant le génocide contre les Tutsis - participation aux tueries et aux viols de femmes et de filles - n'ont pas été pris en compte".

"La décision de le renvoyer aurait dû être prise juste après le génocide contre les Tutsis", a souligné Ahishakiye

En 2006, les tribunaux Gacaca ont condamné Munyeshyaka par contumace pour meurtre de Tutsis et viol pendant le génocide contre les Tutsi et l'ont condamné à la réclusion à perpétuité.

Comme rapporté en décembre 2021, Munyeshyaka avait été suspendu de ses fonctions cléricales par l'évêque Nourrichard après qu'il a été découvert qu'il avait un fils.

Il a été poursuivi pour d'autres chefs d'accusation devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (ICTR), mais ce dernier a ensuite renvoyé l'affaire devant la justice française qui, en 2015, l'a rejetée malgré des preuves accablantes, provoquant l'indignation des rescapés de ses crimes et du gouvernement rwandais.

Selon l'ancienne Commission nationale pour la lutte contre le génocide (CNLG), entre le 8 avril et la première semaine de juillet 1994, Munyeshyaka a participé à des réunions organisant les massacres et les enlèvements de civils Tutsi avec le colonel Tharcisse Renzaho, Odette Nyirabagenzi, Angeline Mukandutiye, le lieutenant-colonel Laurent Munyakazi, d'autres soldats et Interahamwe.

Tom Ndahiro, chercheur spécialisé dans l'idéologie et l'histoire du génocide, a déclaré que l'Église catholique a été réticente à agir contre ses ecclésiastiques rwandais impliqués dans le génocide contre les Tutsis, même après leur condamnation.

"Un exemple est le père Athanase Seromba, qui a été condamné à perpétuité par le ICTR, mais qui est toujours prêtre et célèbre la messe pour ses codétenus", a déclaré Ndahiro.

"Pour l'Église catholique, le génocide commis au Rwanda contre les Tutsi n'est pas un crime, vue qu'elle n'a pas réagi face aux personnalités du clergé présumée coupable. Le Pape devrait inclure le génocide parmi les lois de l'Église en tant que crime, et un crime grave."

"La même décision devrait également être prise pour les autres prêtres et membres du clergé présumés coupables de génocide anti-Tutsi. Ils se sont déshonorés et ne sont plus des médiateurs entre Dieu et les gens."

Franck_Espoir Ndizeye



Source : https://fr.igihe.com/Ibuka-s-exprime-sur-le-renvoi-de-l-etat-clerical-de-Munyeshyaka.html