Lundi, le Rwanda, représenté par la ministre chargée de la gestion des urgences, Marie Solange Kayisire (qui détient le portefeuille ministériel de la gestion des réfugiés), a signé un communiqué conjoint avec le ministre des affaires étrangères de la République Démocratique du Congo, Christophe Lutundula, et le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, sur le thème du rapatriement et de la réintégration des réfugiés des deux pays.

La réunion de Genève a été étonnamment exempte de grandiloquence et d'hyperboles qui sont devenues partie intégrante de la politique étrangère du gouvernement de la République Démocratique du Congo à l'égard du Rwanda. Au lieu de mensonges et d'abus, sourires et serrage de mains de la part du ministre congolais.

Le communiqué signé engage les deux gouvernements à reconnaître le droit au retour des réfugiés, à respecter les principes d'un retour volontaire sûr et digne, à relever les défis potentiels liés à la sécurité des rapatriés, à faciliter l'échange d'informations sur les conditions dans les zones de retour, y compris par la sensibilisation, et à assurer une réintégration durable.

En outre, le communiqué engage les deux gouvernements à se réunir dans la capitale du Kenya, Nairobi, dans un mois pour déterminer non seulement comment relancer l'accord tripartite de 2010 (qui n'a malheureusement pas été mis en œuvre), mais aussi comment élaborer une feuille de route complète pour le rapatriement volontaire des réfugiés congolais et rwandais.

À l'heure actuelle, le Rwanda accueille plus de 80 000 réfugiés congolais (dont 80 % sont originaires de la province du Nord-Kivu). Bien qu'il n'existe malheureusement pas de statistiques précises sur le nombre de réfugiés rwandais en RDC, nous savons que selon les statistiques du HCR de 2013, il y avait environ 100 000 réfugiés rwandais dans le monde, vivant principalement au Burundi, en RDC, au Kenya, au Malawi, au Mozambique, en République du Congo, en Afrique du Sud, en Ouganda, en Zambie et au Zimbabwe.

Les questions relatives au retour des réfugiés me tiennent particulièrement à cœur. En tant qu'ancien réfugié, l'idée de ne pas avoir d'endroit où se sentir chez soi me brise le cœur. C'est d'autant plus tragique lorsqu'il s'agit d'une situation que vous n'avez pas à subir.

Depuis la chute du gouvernement génocidaire, le Rwanda a ouvert ses portes à tous ses enfants. En fait, le gouvernement est allé jusqu'à faire revenir les centaines de milliers de réfugiés qui avaient fui au Zaïre, l'actuelle République Démocratique du Congo, après le génocide de 1994 contre les tutsis au Rwanda et qui étaient utilisés comme otages par les tueurs.

Au-delà du rapatriement des réfugiés en RDC, le gouvernement a mis en place, en collaboration avec ses partenaires internationaux, un programme de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) de renommée mondiale. En plus de cela, des centaines de personnes ont bénéficié du programme "come and see" financé par le gouvernement. En bref, depuis 1994, le Rwanda a fait tout ce qui était en son pouvoir pour ramener son peuple à la maison.

Je sais pertinemment que les fonctionnaires des ambassades ont activement exhorté les membres des communautés de réfugiés rwandais du monde entier à demander des documents rwandais tels que des cartes d'identité et des passeports. Le message était le suivant : "même si vous ne souhaitez pas être rapatriés au Rwanda, vous avez le droit d'obtenir des documents rwandais et de bénéficier des protections offertes par la citoyenneté".

Le sort des réfugiés congolais vivant au Rwanda me remplit de tristesse.

S'ils ont pu travailler et s'instruire dans le pays, le fait que certains d'entre eux n'aient pas pu retourner dans leurs fermes et leurs champs depuis plus de 25 ans est une tragédie qui n'a que trop duré. C'est pourquoi je souhaite encourager la RDC à faire deux choses : travailler avec la région afin d'éliminer la cause fondamentale du problème des réfugiés (qui est l'insécurité et le manque de clarté autour de la question de la citoyenneté) et négocier de bonne foi.

Ne pas y parvenir sera non seulement une honte en termes de vie humaine, mais aussi une source de conflit supplémentaire. Une situation dont nous n'avons pas besoin.

Sanny Ntayombya



Source : https://fr.igihe.com/La-RDC-a-une-occasion-en-or-de-mettre-fin-a-la-crise-des-refugies.html