Ces professionnels de santé sont accusés d'avoir exécuté leurs patients plutôt que de les sauver durant cette période sombre de l'histoire nationale.

Parmi les coupables les plus notoires, l'ancien président du gouvernement intérimaire dit d'Abatabazi, Dr Théodore Sindikubwabo, médecin pédiatre de son état à l'hôpital de Butare, avant d'accéder à la plus haute fonction de l'Etat, juste après la mort de son prédécesseur Juvénal Habyarimana.

Selon le MINUBUMWE, il aurait encouragé activement ses collègues médecins à participer à l'extermination des Tutsis. Les préfectures du Sud, notamment Butare, ont enregistré le plus grand nombre de ces médecins-criminels.

Le ministère a également révélé que des listes de Tutsis à exterminer avaient été établies à partir de cartes d'identité mentionnant l'appartenance ethnique. De nombreux personnels de santé ont été accusés d'avoir retiré le sérum aux patients dans le but d'accélérer leur décès.

Parmi les autres figures médicales de proue impliquées figurent Clément Kayishema, ancien préfet de Kibuye, et Charles Zirimwabagabo, ancien préfet de Gisenyi. Ces deux criminels ont été jugés et condamnés par le Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR) à Arusha.

Le Ministre Jean Damascène Bizimana a également dénoncé le Président Sindikubwabo pour avoir remercié publiquement les populations de Cyahinda, dans la préfecture de Butare, pour leur participation aux massacres des Tutsis.

"Je suis venu ici pour vous remercier d'avoir rempli votre besogne, et je vous exhorte à la poursuivre. Et je vais vous récompenser pour cela", a t- il martelé à l'époque des faits, nous apprend le patron du MINUBUMWE.

Ces révélations troublantes ont été faites dans le cadre des commémorations par le personnel du ministère de la santé le mercredi 10 courants, du 29ème anniversaire du génocide perpétré contre les tutsi du Rwanda en 1994, sous le thème "Commémorer le souvenir du personnel de santé tué pendant le génocide de 1994."

Ces révélations édifiantes ont bouleversé la nation, jetant une lumière crue sur le rôle sombre joué par ces médecins qui ont trahi le serment d'Hypocrate, alors qu'ils étaient censés protéger et sauver des vies.

Au fond, le souvenir de ces crimes impardonnables ravive les blessures, mais rappelle également l'importance de la justice, de la mémoire et de la réconciliation. Il est indéniable que la route vers la guérison est encore longue, mais la détermination à ne jamais oublier reste plus forte que jamais.

Jean Jill Mazuru



Source : https://fr.igihe.com/Le-Genocide-des-Tutsi-ou-quand-les-soignants-devenaient-bourreaux.html