C'est une réalité historique, corroborée par un éventail de preuves documentées et concrètes. Dans la société précoloniale du Rwanda, il est nécessaire de préciser que les dénominations 'Tutsi', 'Hutu', et 'Twa' ne faisaient pas référence à des tribus distinctes.
A l'opposé, ils symbolisent des ensembles spécifiques au sein d'une communauté politique intégrant une stratification sociale élaborée. Ces groupements, avec leurs caractéristiques singulières, ont été formés par la communauté elle-même.
Au fil de plusieurs siècles, ces trois groupements ont joué un rôle déterminant dans la formation d'une identité nationale, culturelle, et même spirituelle unique au Rwanda.
Il est crucial de saisir que dans toute communauté politique, ceux qui détiennent une suprématie économique ont tendance à dominer.
Historiquement, la possession de bovins symbolisait la prospérité. Ainsi, à travers plusieurs siècles, le Rwanda a forgé son identité nationale sur cette stratification sociale.
Il est essentiel de comprendre qu'au sein d'un même clan au Rwanda ou au Burundi, vous pouvez trouver des Hutus, essentiellement des agriculteurs, et des Tutsis, traditionnellement des éleveurs. La compréhension de cette structure sociale dans le Rwanda précolonial est indispensable pour appréhender les enjeux contemporains à l'Est de la RDC.
Lors de leur arrivée au Rwanda, les Allemands ont mené des études anthropologiques sur la population rwandaise. Malheureusement, leurs conclusions ont été altérées par leurs propres perspectives ethnocentriques.
Ils ont émis des hypothèses sur le Rwanda qui ont abouti à la "racialisation" des Tutsis, Hutus et Twas. Les Tutsis ont été manipulés pour être considérés comme une "race supérieure", engendrant l'idéologie d'une race hamite dominante.
Cette conception a jeté les bases de la tragédie de l'Afrique centrale, alimentée par des préjugés masqués sous le couvert de la science mais profondément idéologiques.
Il est crucial de souligner que des documents historiques irréfutables attestent que le roi Léopold II de Belgique avait déjà identifié des populations parlant le Kinyarwanda sur son territoire privé, l'État Indépendant du Congo (EIC).
C'est lui qui a conduit à la sédentarisation de tous les Africains vivant sur ses terres, y compris les Banyarwanda.
En 1910, lors de l'établissement final des frontières, des populations congolaises parlant le Kinyarwanda et le Kirundi étaient déjà présentes dans le Nord et le Sud Kivu.
Ces réalités sont confirmées par les études historiques et anthropologiques de la RDC. Ces populations sont indéniablement d'origine congolaise.
Il convient de rappeler que les "transplantés" avaient déjà droit à la nationalité car ils ont participé aux élections locales de 1957 avant l'indépendance. Ils étaient déjà des sujets politiques congolais, ayant la capacité de voter et d'être élus.
Lorsque le Président de l'Assemblée Nationale en République Démocratique du Congo, Christophe Mbosso, a proclamé que "dans les années 1800, le Rwanda n'existait pas, c'est le Rwanda qui doit des terres à la RDC, Gisenyi c'est au Congo", il a opéré une réécriture de l'histoire.
La manipulation des identités dans le paysage politique congolais n'est pas un phénomène récent. Elle enflamme et exacerbe les conflits de pouvoir entre les diverses communautés ethniques.
Cependant, cette manipulation est souvent perçue et interprétée avec une passion et une radicalité accrue lorsqu'elle est associée aux tensions entre les populations "rwandophones" de la RDC et les autres communautés congolaises du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.
Cette situation nécessite une attention particulière, car elle est utilisée pour justifier des aberrations historiques que les générations futures ne pardonneront pas à l'élite politique congolaise contemporaine.
Il est impératif de souligner les incohérences et les contradictions inhérentes à ces discours qui ont engendré une idéologie fallacieuse, et d'analyser les implications sociopolitiques de cette rhétorique.
Il y eut des conquêtes qui agrandissaient les territoires du royaume du Rwanda pendant plusieurs siècles.
Cet épisode illustre l'enchevêtrement des histoires et des identités qui rendent la situation politique actuelle de la région particulièrement complexe et nuancée. Cette complexité exige une approche plus profonde, nuancée et éclairée des conflits actuels.
Tite Gatabazi
Source : https://fr.igihe.com/Le-Rwanda-cette-civilisation-millenaire.html
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