Après avoir été acquittés ou avoir purgé leur peine, ces hommes avaient, dans un premier temps, été accueillis par la République du Niger en vertu d'un accord signé le 15 novembre 2021 entre ce pays et le Mécanisme international appelé à exercer les fonctions résiduelles des tribunaux pénaux internationaux sur le Rwanda et l'ex-Yougoslavie.

Ce scandale éclate alors que l'ONU elle-même a qualifié les massacres des Tutsis du Rwanda en 1994 de "génocide", le crime des crimes. Une telle contradiction jette une ombre sur la crédibilité de l'organisation entre le dit et son exécution par la maison de verre sis à New-York.

Dans ce contexte complexe, il apparaît que certains hauts fonctionnaires dans le gouvernement de Habyarimana, concepteur et exécutant du génocide contre les Tutsi de 1994, connus pour leur rôle avéré dans le génocide au Rwanda devant des juridictions internationales , et condamnés pour tels continuent de percevoir un salaire, et colossal par-dessus le marché, ils bénéficient en outre d'un logement payé par l'organisation onusienne.

Ces individus ont été condamnés par le Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR), ils demeurent au Niger. En dépit des appels du Rwanda pour qu'ils rentrent au bercail pour y purger leurs peines car devenus presque des apatrides, les pays occidentaux hébergeant des membres de leurs familles ayant refusé de les accueillir, ils sont choyés par l'ONU au propre comme au figuré.

En juin 2022, ces génocidaires au nombre de huit ont demandé et obtenu une augmentation de leur allocation mensuelle à 10 000 dollars par personne, décision prise par le juge Theodor Meron. Cela est survenu malgré un accord signé en novembre 2021 entre le TPIR et le Niger pour accueillir temporairement ces individus en attendant qu'un pays d'accueil soit trouvé.

Ces hommes ont le droit de retourner au Rwanda, leur pays d'origine, mais leur implication dans le génocide les dissuade de le faire car ayant peur de faire face à un nouveau procès dans lequel ils risqueraient de lourdes peines au regard de la législation nationale. D'autres Rwandais ayant purgé leur peine, comme le Major Ntuyahaga, condamné à 20 ans de prison en Belgique pour son rôle dans le massacre des dix casques bleus belges lors du génocide contre les Tutsi.

Ce que ces génocidaires reçoivent de l'ONU ne se limite pas qu'aux frais de logement. Ils utilisent également ces fonds pour leurs accès Internet, un créneau qu'ils utilisent à des fins négationniste et la propagation de leur venin de l'idéologie génocidaire. Des exemples sont légion comme celui du capitaine Sagahutu, qui a tenu une réunion Zoom avec des jeunes issus de familles génocidaires au cours duquel il leur lançait un appel à un retour les armes à la main au Rwanda.

Ces génocidaires privilégiés de la maison de verre sont :

1. Protais Zigiranyirazo, beau-frère de feu président Juvénal Habyarimana, condamné pour crime de génocide en 2005, et acquitté en appel en 2009.

2. Le Colonel Anatole Nsengiyumva, officier supérieur commandant du secteur opérationnel de Gisenyi pendant le génocide de 1994, reconnu coupable dudit génocide et condamné à perpétuité, avant sa réduction de peine en appel à 15 ans de prison, puis libéré par le Juge Theodor Meron du TPIR en 2011.

3. Le Major François-Xavier Nzuwonemeye, ancien commandant du Bataillon de Reconnaissance (RECCE) des ex far en 1994, condamné à 20 ans, puis anticipativement libéré par le juge Meron.

4. Le capitaine Innocent Sagahutu, ex-commandant d'un escadron du Bataillon de reconnaissance, une unité d'élite des ex-far, condamné à 20 ans, peine réduite en appel à 15 ans de prison ferme.

5. Le Lieutenant-Colonel Alphonse Nteziryayo, ancien commandant de la police militaire et plus tard préfet de Butare.

6. Le Lieutenant-Colonel Tharcisse Muvunyi, ancien commandant de l'Ecole des Sous-Officiers, ESO-Butare, condamné en première instance à 25 ans d'emprisonnement le 12 septembre 2006, peine réduite en appel à 15 ans avant sa libération anticipée en 2016.

7. Prosper Mugiraneza, ancien ministre du commerce et de l'Industrie, du gouvernement intérimaire dit d'Abatabazi, condamnés à 30 ans de prison en 1994, et acquittés en appel.

8. Et enfin André Ntagerura, ex ministre des transports et communication sous le gouvernement intérimaire, a été acquitté lors de son procès en 2004.

Aux États-Unis, au Canada, en Belgique, en France, au Luxembourg, en Angleterre ou aux Pays-Bas, des pays où résident des membres de leurs familles et où ils souhaiteraient bénéficier d'un permis de séjour ou d'un asile, ces dignitaires de l'ancien régime Habyarimana, ayant organisé et exécuté le génocide contre les Tutsi du Rwanda en 1994, y sont en effet indésirables.

L'ONU semble en totale contradiction avec ses propres valeurs en soutenant financièrement ceux qui ont planifié et exécuté le génocide contre les Tutsi du Rwanda en 1994. Leur statut de fonctionnaires de l'ONU et rémunérés comme tel, continue d'ouvrir des plaies non cicatrisées des survivants de ce génocide, eux qui luttent toujours contre les conséquences à long terme de cette atrocité.

Jean Jill Mazuru



Source : https://fr.igihe.com/Le-scandale-de-l-ONU-rondelettes-remunerations-pour-genocidaires-pris-comme-ses.html