Matthias Schmale, le coordonnateur humanitaire de l'ONU pour le Nigeria, a exprimé cette crainte depuis la capitale, Abuja.
" Les cloches d'alarme sonnent à tout rompre. Il y a des gens qui se tiennent au seuil de la mort par inanition dans le nord-est, " a-t-il déclaré lors de la présentation du plan de crise alimentaire et nutritionnelle pour la période de soudure.
Ce contexte est aggravé par la lutte des forces de sécurité contre les djihadistes qui, depuis 2009, cherchent à établir la loi islamique, Sharia dans la région, en s'opposant à l'éducation occidentale. Le bilan est lourd : au moins 35 000 morts et plus de 2 million de déplacés, selon les agences de l'ONU au Nigeria.
ISWAP, une faction dissidente du groupe extrémiste Boko Haram, gagne du terrain, semant la terreur sur les rives du lac Tchad. Les femmes et les enfants, qui constituent plus de 80% des nécessiteux, sont particulièrement touchés.
Leur vulnérabilité les exposant de facto à d'autres formes de criminalité et de violence.
L'absence de fonds pourrait aggraver le risque de famine, a prévenu l'ONU. Les organisations humanitaires rapportent un nombre sans précédent d'enfants malnutris dans la zone de conflit.
La faim frappe durement de nombreuses familles, y compris dans les zones difficilement accessibles. Le nombre d'enfants admis chaque semaine par Médecins Sans Frontières a doublé, voire triplé, par rapport aux records des cinq dernières années.
M. Schmale témoigne des enfants qui passent des jours sans manger et des mères qui luttent pour la survie de leurs progénitures mal nourries.
" Plus d'un demi-million de personnes pourraient être confrontées à des niveaux d'insécurité alimentaire d'urgence, avec des taux de malnutrition aiguë et de mortalité extrêmement élevés, si l'aide humanitaire n'augmente pas rapidement et de manière significative, " prévient-il.
Alors que la famine semble dessiner son ombre sur le nord-est du Nigeria, les appels à l'aide résonnent dans le silence de la communauté internationale. Les cloches de l'alarme, désormais, se perdent dans l'écho d'une tragédie imminente. L'enjeu n'est plus seulement de nourrir des ventres affamés, mais bien de nourrir l'espoir d'une nation tout entière.
Jean Jill Mazuru
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