Sur le réseau social Twitter, un internaute a partagé un communiqué attribué à Christophe Poirel, directeur des droits de l'homme et État de droit au Conseil de l'Europe annonçant des sanctions à l'encontre des responsables politiques du Régime Tshisekedi après la répression de la marche de l'opposition samedi 20 mai dernier à Kinshasa, capitale de la RDC.
Cette publication virale datant du 23 mai à 20 heures 58 minutes cumule en moins de 24 heures, plus de 200 likes, plus de 100 commentaires et a été retweetée ou partagée à plus 50 fois sur Twitter avec une audience de près 30.000 personnes touchées selon les statistiques de Twitter.
Citation : " La Direction Générale des Droits Humains et de l'Etat de droit de l'Union Européenne déplore l'usage des moyens disproportionnés utilisés par les services de sécurité de la RDC lors de la répression de la marche des opposants à Kinshasa, le samedi 20 mai 2023. Des cas de maltraitance ont été consignés. Des mineurs ont été torturés et frappés à coups de bâton. Des arrestations arbitraires suivies des procès expéditifs ont été notées après la marche. De ce fait, la Direction générale des Droits Humains et Etat de droit de l'Union Européenne va dans les semaines qui suivent communiquer la liste des sanctions prévues à l'encontre du Président Congolais, Félix Tshisekedi, des certains responsables politiques de son régime et de la police. La Direction s'attache à promouvoir, protéger et développer les droits humains et l'État de droit partout où il est nécessaire ".
En effet, le Conseil de l'Europe prône la liberté d'expression et des médias, la liberté de réunion, l'égalité et la protection des minorités.
Cette publication est FAUSSE. Nous vous expliquons.
Pour arriver à cette conclusion, nous avons commencé par l'authentification du document attribué à la Direction des droits humains de l'Union Européenne. De première vue, il se dégage un certain nombre des contradictions dans le corps de la déclaration. A titre illustratif, sur le titre du communiqué, on évoque simplement des sanctions à l'étude à l'encontre des responsables politiques du régime de Félix Tshisekedi alors dans le corps, on cible explicitement le Président Félix Tshisekedi, qui serait aussi concerné par lesdites sanctions.
En lisant le communiqué, nous avons encore déniché quelques fautes d'orthographe. C'est un détail qui rend cette information douteuse. En poursuivant nos recherches sur les sites internet de l'Union Européenne ou même de Conseil Européen, nous n'avons trouvé aucun communiqué, aucune déclaration faisant mention d'une quelconque étude des sanctions contre les autorités de la République démocratique du Congo.
Il est certes vrai que l'Union Européenne a condamné la répression de la marche de l'opposition, mais n'a nullement évoqué des sanctions. Il n'existe aucune preuve à cette affirmation sur tous les canaux de communication de la première instance européenne.
Ce qu'il faut savoir sur les sanctions de l'UE
Les sanctions ou mesures restrictives sont un outil de politique étrangère de l'UE.
Les mesures restrictives ou sanctions constituent un instrument essentiel de la politique étrangère et de sécurité commune de l'UE. Elles sont utilisées par l'UE dans le cadre d'une action intégrée et globale, qui inclut un dialogue politique, des mesures complémentaires et le recours à d'autres instruments qui sont à la disposition de l'UE. Les principaux objectifs recherchés lors de l'adoption des sanctions sont de préserver les valeurs, les intérêts fondamentaux et la sécurité de l'UE ; préserver la paix ; consolider et soutenir la démocratie, l'Etat de droit, les droits de l'homme et les principes du droit international ; prévenir les conflits et renforcer la sécurité internationale.
Les sanctions de l'UE peuvent viser des gouvernements étrangers, ainsi que des entreprises, des groupes, des organisations ou des individus. L'UE peut décider un embargo sur les armes, des interdictions de voyage, des gels des avoirs ou d'autres mesures économiques telles que les restrictions sur les importations et les exportations. Les sanctions de l'UE sont soigneusement ciblées et conçues pour être proportionnées aux objectifs qu'elles cherchent à atteindre, tout en réduisant autant que possible les conséquences indésirables pour les personnes qui ne sont pas responsables des politiques ou actions qui ont conduit à l'adoption des sanctions.
Contexte
Cette publication intervient dans un contexte très tendu à l'aube des élections générales prévues en décembre 2023 en République démocratique du Congo. Ces dernières semaines la température est vive entre l'opposition et le régime au pouvoir après que 4 leaders politiques ( Katumbi, Fayulu, Matata et Sesanga) ont lancé des actions d'envergure pour s'opposer à la Commission électorale nationale indépendante (CENI) qui serait entrain de manigancer un " nouveau hold-up électoral " en faveur de l'actuel président, Félix Tshisekedi.
Carmel NDEO
Cet article RDC: Faux, l'Union Européenne n'a pas annoncé des sanctions contre les responsables politiques du régime Tshisekedi est apparu en premier sur Politico.cd.
0 Commentaires