Sans attendre, le directeur pour l'Afrique centrale de l'ONG Human Rights Watch, Lewis Mudge, parle " d'un échec de la justice et nous trouvons cela très regrettable ". Le tribunal de la Haye dit être à la recherche d'une solution alternative qui ressemble le plus possible à un procès.

Le verdict du mercredi 7 juin 2023 est un coup dévastateur pour la quête de justice des victimes du génocide contre les tutsi au Rwanda en 1994. Félicien Kabuga, souvent décrit comme le financier principal de ce crime odieux, a été jugé inapte à subir son procès pour des raisons de santé.

Cet événement met en lumière l'incapacité persistante de la justice internationale à tenir compte des pires atrocités commises contre les tutsi.

Le financement et la planification systématiques du génocide contre les tutsi au Rwanda en 1994 sont, sans aucun doute, des actes d'une cruauté inimaginable qui soulèvent d'importantes questions juridiques.

L'extermination systématique de plus d'un million de personnes en l'espace de 100 jours a non seulement impliqué un acte de génocide, qui est un crime contre l'humanité toute entière en vertu du droit international, mais a également nécessité un niveau de planification et de financement qui exige une responsabilité particulière.

Kabuga a été accusé d'avoir joué un rôle central dans la création et le financement des milices Interahamwe, les forces principalement responsables du massacre, la radio des mille collines RTLM.

En fournissant des ressources financières et matérielles, il est présumé avoir contribué à la facilitation de l'infrastructure du génocide. Il s'agit d'une violation flagrante des principes fondamentaux du droit international, notamment le droit à la vie, à la sécurité et à la dignité humaine.

L'incapacité à tenir Kabuga responsable de ces allégations est un échec regrettable de la justice internationale. Ce verdict révèle une fois de plus les limites inhérentes au système juridique mondial, qui lutte pour faire face aux crimes de cette ampleur et de cette gravité.

Pour les victimes du génocide contre les tutsi et leurs familles, cette décision est une déception amère. Leur quête légitime de justice a été repoussée indéfiniment, leur laissant peu de réconfort et un manque persistant de résolution.

Leur besoin de voir Kabuga répondre de ses actes ne pourra pas été satisfait, exacerbant la douleur et le traumatisme qu'ils continuent de vivre.

Cette affaire met en évidence l'urgence d'une réforme profonde du système de justice internationale. L'échec à tenir les auteurs responsables de crimes aussi graves que le génocide est une faille systémique qui ne peut être ignorée.

L'Allemagne n'a pas eu la main fébrile s'agissant des nazis. Agé de 101 ans, Josef Schutz était en juin 2022 devant la justice allemande pour " complicité " dans le meurtre de 3518 personnes lorsqu'il était gardien du camp de concentration de Sachsenhausen entre 1942 et 1945.

Au regard des crimes contre l'humanité, juger Kabuga doit être perçu comme un message aux générations futures. Il s'agit d'un devoir moral dû non seulement aux victimes du génocide contre les tutsi, mais aussi fermer les sanctuaires aux autres génocidaires en cavale.

Ces jugements consacrent le droit international qui rend imprescriptibles les crimes contre l'humanité. La justice doit cependant rester crédible.

Félicien Kabuga présenté comme le financier du génocide contre les tutsi de 1994

Tite Gatabazi



Source : https://fr.igihe.com/Felicien-Kabuga-un-echec-de-la-justice-internationale.html