Face à cette situation, une coalition s'est formée, comprenant les Forces démocratiques pour la Libération du Rwanda (FDLR), tristement célèbres pour leur rôle actif dans le génocide contre les Tutsi au Rwanda en 1994.
Tel une toile complexe, les violences se sont intensifiées avec le déclenchement d'une guerre contre les Tutsi congolais menée par les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) en complicité avec les FDLR.
Malgré l'hostilité qui règne dans le Nord-Kivu envers les médias indépendants, deux journalistes intrépides, dont Adeline Umutoni et Marc Hoogsteyns de la Kivu Press Agency, ont réussi à pénétrer cette zone sous tension et à recueillir des témoignages précieux. Ces témoignages mettent en lumière une coopération sans précédent entre les FDLR et les FARDC, révélant une réalité encore plus sombre.
Lambert Habumugisha, âgé de 19 ans, témoigne de la terreur instaurée par ces groupes armés : "Je vivais avec mon chef 'Fayida'. Nous travaillions pour tous les soldats présents. Si tu es soupçonné de travailler avec le M23, ils te tranchent la gorge pendant la nuit et déciment toute ta famille."
Il évoque également le renforcement des opérations militaires des FDLR grâce à de nouvelles recrues et à un approvisionnement en armes assuré par les FARDC.
La complexité de la situation est exacerbée par les multiples alliances et trahisons qui surviennent dans la région du Nord-Kivu. Les FDLR, les FARDC, les Nyatura et divers groupes de mercenaires s'allient et se retournent les uns contre les autres.
Les civils, premières victimes de ces conflits, subissent de lourdes pertes, notamment en raison de l'enrôlement forcé de jeunes civils par les forces armées.
Hakizimana Rukundo, un jeune milicien FDLR âgé de 20 ans, raconte comment il a été recruté : "Mes parents et moi avons fui au Congo pour survivre. À peine arrivés, les FDLR nous ont recrutés. Nous avons coopéré avec les FARDC (Forces Armées de la République Démocratique du Congo)."
Selon Théoneste Ndayambaje, âgé de 22 ans, les FDLR justifient ces recrutements forcés par la nécessité de se protéger contre les menaces extérieures, en particulier le groupe rebelle M23. "Ils nous ont dit de veiller à notre sécurité, de faire en sorte qu'aucun Tutsi ne vive ici", rapporte-t-il.
La vie des civils est bouleversée par ces violences. Ils sont taxés en nourriture ou en biens matériels par les FDLR, les FARDC et les Nyatura, le M23 étant présenté comme l'ennemi commun. Mais ces mêmes forces armées, y compris les FARDC, recrutent parfois de jeunes civils pour élargir leurs rangs.
Face à cette lutte perpétuelle pour le pouvoir, le Nord-Kivu ressemble à un échiquier complexe où les civils paient le prix le plus lourd.
Selon le Dr Jason Stearns, Directeur du Groupe d'étude sur le Congo (GEC) et ancien membre du groupe d'experts des Nations Unies sur le Congo, les FDLR ont maintenu une présence dévastatrice au Nord-Kivu pendant des décennies. Leur idéologie génocidaire et leur brutalité militaire ont laissé des cicatrices indélébiles dans la région.
Amanda Thomas-Johnson, chercheuse au Centre d'étude des conflits, de la liberté et de la sécurité, souligne également que la présence persistante des FDLR représente une menace constante pour le Rwanda et la RDC. Leur présence continue déstabilise la région du Nord-Kivu et constitue un obstacle majeur à la réalisation de la paix et de la sécurité.
Selon les Nations Unies, plus de 6 000 personnes ont été tuées depuis l'intensification des tensions dans la région du Nord-Kivu en RDC. La majorité des victimes sont des civils pris en otage dans ce conflit interminable. Ainsi, à travers ces témoignages et analyses, la lumière est jetée sur la complexité de la situation en RDC et sur les alliances inquiétantes entre les FDLR et les FARDC.
Henriette Akimana
Source : https://fr.igihe.com/Revelations-des-FDLR-au-coeur-du-chaos-La-cooperation-FARDC-FDLR-dans-la.html
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