Cette réaction fait suite à la reprise des poursuites judiciaires à son encontre dans une affaire de détournement de fonds publics destinés à un projet agro-industriel, relancées par le procureur général près la Cour constitutionnelle.
Les faits remontent à 2014, alors qu'Augustin Matata était Premier ministre (2012-2016).
L'Inspection générale des Finances (IGF), quatre ans après son départ de la primature, avait conclu, à l'issue d'une enquête, que sur les 285 millions de dollars décaissés par le Trésor public pour le parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo, situé à 250 km au Sud-Est de Kinshasa, 205 millions de dollars avaient été détournés.
Matata Ponyo Mapon avait immédiatement contesté les conclusions de l'IGF et clamé son innocence.
Lors d'une conférence de presse tenue mercredi à Kinshasa, l'opposant, actuellement sénateur et candidat déclaré à l'élection présidentielle, a dénoncé une " affaire politique " et un " acharnement " visant à l'écarter de la course à la magistrature suprême.
Cette affaire a eu des répercussions sur l'appareil judiciaire congolais. Le procès d'Augustin Matata pour détournement de fonds publics avait initialement débuté en mai 2021 devant la Cour constitutionnelle, qui s'était déclarée " incompétente " pour le juger. Le dossier avait ensuite été transféré à la Cour de cassation, compétente pour juger les députés, sénateurs et membres du gouvernement. Cependant, cette haute juridiction s'était également déclarée incompétente, conduisant à la clôture de l'affaire.
Le procureur général près la Cour constitutionnelle, Jean-Paul Mukolo, a finalement saisi le Sénat, qui a relancé les poursuites à l'encontre d'Augustin Matata.
Mukolo a obtenu le feu vert du président du Sénat, Modeste Bahati, en soulignant que le sénateur Matata n'était plus couvert par l'immunité parlementaire depuis 2021 et qu'il était donc à la disposition de la justice.
Augustin Matata a déclaré : " C'est un scandale. La Constitution indique qu'un ancien président ou ancien Premier ministre ne peut être jugé pour des faits commis pendant son mandat ".
Il a également ajouté : " Ma préoccupation actuelle est de savoir comment ils vont me disqualifier de la course. Le Sénat et la Cour constitutionnelle sont instrumentalisés pour me priver de ma candidature à la présidentielle au profit du candidat au pouvoir ", pointant du doigt une forme de " gangstérisme " au sein des institutions de l'État visant à éliminer certains candidats de la course à la magistrature suprême.
Interrogé sur ses craintes quant à sa comparution devant la justice, l'opposant a répondu : " Je n'ai pas peur de comparaître devant la justice, mais cela doit se faire conformément à la loi ".
Il a également soutenu que le dossier était une " affaire personnelle motivée par son refus d'adhérer à l'Union sacrée ", la coalition politique du président Félix Tshisekedi, et par sa déclaration de candidature à l'élection présidentielle.
La situation politique en RDC est de plus en plus tendue à six mois de l'élection présidentielle. L'opposition accuse le président Félix Tshisekedi de contrôler la Cour constitutionnelle et la Commission électorale nationale indépendante, dont la désignation de son président, Dénis Kadima, a été vivement contestée par les principales confessions religieuses, l'opposition et une partie de la société civile.
Franck_Espoir Ndizeye
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