Rusesabagina, ancien président du groupe terroriste MRCD-FLRN, avait été condamné en 2021 à 25 ans de prison pour son implication dans des activités terroristes. Cependant, en mars 2023, il a été libéré de la prison de Mageragere après que le président Kagame ait commué sa peine. Cette décision faisait suite à la demande de grâce de Rusesabagina, présentée dans une lettre datée d'octobre 2022.

De manière surprenante, seulement trois mois après sa libération, Rusesabagina a fait des déclarations qui contredisent sa lettre précédente. Dans cette lettre, il plaidait pour la clémence, invoquant son âge avancé et ses problèmes de santé chroniques, et affirmait qu'il n'avait plus d'ambitions personnelles ou politiques.

Dans sa lettre datée du 14 octobre, Rusesabagina exprimait ses regrets pour toute association que son travail avec le MRCD aurait pu avoir avec les actions violentes menées par le FLN.

Il écrivait : "En tant qu'ancien chef du MRCD, je regrette de ne pas avoir veillé davantage à ce que les membres de la coalition du MRCD adhèrent pleinement aux principes de non-violence... Si je suis gracié et libéré, je comprends parfaitement que je passerai le reste de mes jours aux États-Unis dans le calme et la réflexion. Je peux vous assurer par cette lettre que je n'ai aucune ambition personnelle ou politique. Je laisserai derrière moi les questions relatives à la politique rwandaise."

Malgré cette lettre, Rusesabagina a surpris beaucoup de monde en affirmant, lors du récent forum d'Oslo sur la liberté, qu'il avait été libéré à la suite de pressions exercées sur le gouvernement rwandais.

S'adressant aux participants, il a déclaré : "Aujourd'hui, je suis un homme libre grâce à votre voix et à celle de beaucoup d'autres... Vous vous êtes tous réunis pour plaider en faveur de ma libération et de celle de tous les prisonniers politiques. Pour moi, vous avez réussi."

Il a ajouté : "Ma liberté prouve que lorsque vous défendez ce en quoi vous croyez, lorsque vous êtes solidaires et guidés par les principes des droits de l'homme et de la démocratie, vous gagnez."

Tito Rutaremara, président du Forum consultatif des anciens du Rwanda, s'interroge sur les éloges faits par Rusesabagina aux militants des droits de l'homme, tout en ignorant sa lettre précédente demandant la clémence. Rutaremara a souligné que la lettre, signée par Rusesabagina lui-même, est consultable par tous.

Il a souligné que Rusesabagina avait reconnu être un criminel et avait avoué ses crimes, ce qui ne justifiait pas son maintien en prison. "Pourquoi a-t-il écrit une lettre de demande de clémence s'il a été libéré grâce à ces activistes ?" s'est interrogé Rutaremara.

Lors d'une réunion du cabinet en mars 2023, la libération de Rusesabagina et d'autres personnes condamnées pour terrorisme a été approuvée sur la base de la clémence présidentielle. Cette décision faisait suite aux lettres dans lesquelles les intéressés avouent leurs crimes et demandent à être graciés.

Rusesabagina avait été arrêté en 2020, en même temps que Nsabimana Callixte, également connu sous le nom de "Sankara", le porte-parole du FLN, et 18 autres personnes liées à la même affaire. Ils ont tous été libérés par grâce présidentielle le 24 mars 2023. De plus, 358 autres personnes condamnées pour divers délits ont bénéficié d'une commutation collective le même jour.

Selon la loi rwandaise, la commutation de peine n'éteint pas la condamnation sous-jacente. Si une personne bénéficiant d'une libération anticipée récidive pour des infractions similaires, la commutation peut être révoquée et le reste de la peine d'emprisonnement sera purgé, conformément aux conditions spécifiées dans l'ordonnance présidentielle.

Rusesabagina a été libéré grâce à la clémence présidentielle en mars 2023.

Henriette Akimana



Source : https://fr.igihe.com/Tito-Rutaremara-remet-en-question-les-affirmations-de-Rusesabagina-sur-sa.html