Le gouvernement de la République démocratique du Congo ne désarme pas. Alors que le rapport final des experts des Nations unies daté du 13 juin dernier démontre clairement le soutien militaire, logistique et d'approvisionnement apporté par Kigali aux terroristes du M23 qui se sont emparés depuis une année, de pans des territoires entiers dans la province du Nord-Kivu, le gouvernement a réitéré son appel à des sanctions de l'ONU contre des officiers rwandais et le M23.
Ce rapport fournit des preuves détaillées de la manière d'opérer des troupes rwandaises dans l'Est de la RDC et révèle les noms des cerveaux de ce plan d'agression continue, responsable de la mort de milliers de civils congolais et du déplacement de plus d'un million de personnes.
Au cours de son briefing devant la presse le 04 juillet, le porte-parole du gouvernement congolais, Patrick Muyaya a exhorté les
membres du Conseil de sécurité de l'ONU à prendre des mesures concrètes pour punir les responsables, y compris leurs commanditaires et fournisseurs des groupes armés par des " sanctions ciblées ", en plus de la condamnation verbale des soutiens extérieurs.
Pour le gouvernement congolais, des sanctions " sévères et exemplaires " doivent être prises contre les officiers et dirigeants rwandais, ainsi que ceux du M23, tous responsables des crimes commis sur le sol congolais, afin qu'ils soient traduits en justice et que ceux qui ont commis des violations des droits de l'homme et des abus doivent répondre de leurs actes.
Toutefois, Kinshasa a invité le Conseil de sécurité à contribuer davantage à la bonne mise en uvre de la feuille de route de Luanda, voie approuvée pour le retour de la paix dans l'Est de la RDC.
" Notre pays reste déterminé à faire sa part pour assurer l'aboutissement heureux des différents processus de paix en cours ", a insisté le porte-parole du gouvernement.
Dans un registre, Patrick Muyaya a salué la décision prise le 26 juin, par la Cour d'appel du Royaume-Uni concluant que le Rwanda n'est pas un " pays tiers sûr " pour l'envoi des demandeurs d'asile.
Il a qualifié de " répugnante ", la politique rwandaise consistant à apparaître comme le pays qui résout les problèmes de réfugiés pour certains États tout en créant des centaines de milliers de réfugiés et de personnes déplacées supplémentaires par l'agression de son voisin le plus proche, la RDC.
" La conclusion de la Cour jugeant illégal le projet d'expulsion de migrants vers le Rwanda confirme notre opinion de longue date selon laquelle ce pays est dirigé par un gouvernement qui viole systématiquement les droits de l'homme à l'intérieur et à l'extérieur du pays, et dans lequel aucun réfugié n'est en sécurité ", a-t-il commenté.
Des officiers haut gradés de l'armée rwandaise épinglés
En dépit des sempiternelles dénégations rwandaises, les experts de l'ONU continuent de présenter des preuves du soutien actif de Kigali au mouvement armé du M23 dans l'est de la RDC.
Le 19 juin, le groupe d'experts sur la RDC a présenté au Conseil de sécurité son rapport final après une année d'enquête. Dans la continuité des précédents rapports, et notamment le rapport intermédiaire de décembre, les experts onusiens affirment avoir collecté des éléments supplémentaires sur cette implication de l'armée rwandaise dans la province congolaise du Nord-Kivu.
Ils ont affirmé que les forces rwandaises ont renforcé les rangs du M23 à plusieurs reprises pour contrôler des points stratégiques. Ainsi, par les événements cités, dans les localités de Kishishe et Bambu, dans le territoire du Rutshuru, leur présence est constatée avant et après la prise de ces zones par le M23.
En outre, le groupe d'experts a cité plusieurs officiers supérieurs rwandais impliqués dans l'organisation de ces opérations sur le sol congolais. Opérations qui seraient baptisées " North Kivu Operations ", conçues et coordonnées par le général James Kabarebe, ancien chef d'état-major de l'armée congolaise actuel conseiller défense et sécurité du président Paul Kagame.
Dans leur rapport, les experts de l'ONU ont précisé que les officiers de l'armée rwandaise (RDF) qui participent à ces opérations d'appui du Rwanda au M23 depuis Kigali sont notamment, Général de brigade Andrew Nyamvumba qui est le commandant des opérations au Congo, le Général Mubarak Muganga qui est le Chef d'état-major de la défense et Vincent Nyakarundi, Chef d'état-major général.
" Malgré les retraits cérémoniels de certaines positions et zones, diverses preuves montrent que les retraits et désengagements annoncés par le M23 semblent avoir été purement tactiques, visant à gagner du temps face à la pression internationale croissante, tandis que le groupe armé a reçu l'assurance que les zones désengagées ne seraient pas remises aux FARDC mais à la Force régionale de la Communauté d'Afrique de l'Est, comme cela avait été envisagé lors du mini sommet tenu à Luanda ", peut-on lire dans ce rapport du groupe d'experts des Nations-Unies sur la RDC.
Selon les sources sur lesquelles les experts onusiens s'appuient, l'objectif de Kigali est de renforcer le M23 pour sécuriser des sites miniers et " décimer " le groupe majoritairement hutu FDLR, qui serait soutien régulier de l'armée congolaise.
Carmel NDEO
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