Afin d'approfondir ce qui est perçu comme une surface mal dégrossie, deux journalistes de Kivu Press Agency, fervents défenseurs de la transparence médiatique, ont entrepris un voyage d'investigations.

Leur quête a abouti à des découvertes qui ont mis en lumière des faits étonnants et émouvants. Ils ont réussi à recueillir des témoignages saisissants de membres des FDLR, immortalisés dans une vidéo révélatrice.

Récemment, nous avons eu un entretien avec ces journalistes pour le journal en ligne IGIHE, afin de creuser l'existence présumée d'une coalition entre les FDLR, les Forces armées de la RDC, les Mai Mai et les Nyatura.

Leur objectif déclaré : neutraliser le groupe M23, puis lancer des attaques sur le Rwanda dans un effort sinistre pour répéter les atrocités d'un autre génocide contre les Tutsi, visant cette fois à leur éradication.

Nous vous partageons par ici, une interview exclusive avec Adeline Umutoni, journaliste d'investigation à Kivu Press Agency. Au cours de cet entretien, elle dévoile des réalités troublantes, mettant en lumière une vérité que la communauté internationale fait semblant d'ignorer.

L'entretien in extenso

Lors de votre arrivée sur le terrain dans l'Est de la RDC, comment évalueriez-vous la situation actuelle et quelles sont les conditions de vie des habitants de cette région, d'après votre expérience sur place ?

Ils vivent d'une manière misérable, si je peux le dire ainsi, car lorsque la sécurité n'est pas stable dans une région, vous connaissez tous les événements que nous avons vécus ici au Rwanda, ainsi que nos voisins au Burundi. Donc, lorsque la sécurité est instable, la situation devient misérable et la population ne peut pas fonctionner correctement. Leurs activités habituelles ne fonctionnent pas. C'est comme s'ils étaient isolés sur une île.

Dans votre vidéo, il est clairement visible que des enfants sont présents au sein des FDLR. Pourriez-vous nous expliquer comment ces recrutements sont effectués et quel pourrait être leur plan d'action ?

Les gens qui sont là bas sont des individus impliqués dans le génocide perpétré contre les Tutsis en 1994. Il s'agit principalement de personnes âgées. Cependant, en raison du manque de jeunes recrues, ils recrutent maintenant des jeunes en provenance du Rwanda.

Ainsi, des parents emmènent leurs enfants sous prétexte de leur offrir une meilleure vie au Congo. Une fois sur place, ces enfants reçoivent immédiatement la nationalité congolaise. Par la suite, ils sont remis aux FDLR pour suivre une formation militaire.

Comme vous pouvez le constater dans les interviews qu'on a faites, nous avons échangé avec des jeunes âgés de 15 à 25 ans, ce qui confirme qu'il s'agit réellement d'enfants.

Beaucoup d'entre eux nous ont confié qu'ils étaient venus au Congo avec leurs parents, mais qu'ils avaient choisi de rester et de travailler avec les FDLR. Leur témoignage est compréhensible, car ils affirment que ce sont leurs parents qui les ont emmenés et remis aux FDLR.

selon ce qu'ils vous ont dit, que serait leur plan ?

Leur plan, établi depuis de nombreuses années avant leur arrivée massive en RDC, est de retourner au Rwanda de manière tout aussi massive et par la force. Ils prévoient d'attaquer le Rwanda. Ils ont été promis par le gouvernement congolais qu'en aidant ce dernier à combattre le M23, ils recevraient en récompense l'opportunité de rejoindre les forces armées congolaises (FARDC) et de former une coalition avec les groupes Mai-Mai et Nyatura.

Cette coalition aurait pour objectif de rentrer massivement au Rwanda afin de renverser le gouvernement rwandais.

En peu de mots, existe-t-il réellement une coalition entre les FDLR, FARDC et des autres groupes armés ? Les FDLR seraient-ils effectivement soutenus par le gouvernement ?

J'étais récemment sur le terrain et j'ai mené de nombreuses interviews auprès de la population. J'ai également réalisé des entretiens avec les FDLR eux-mêmes, qui ont été capturés très récemment par les M23, il y a moins d'un mois. Il est largement discuté du soutien que le gouvernement apporte aux FDLR par le biais des FARDC, notamment en termes de fourniture d'uniformes militaires, de munitions et de fusils.

Actuellement, tous les rebelles sont équipés d'un fusil, disposent de munitions et sont habillés de manière appropriée, comme s'ils étaient tous des militaires des FARDC. Il y a donc une collaboration physique et morale, très claire et visible pour tous.

Lorsque vous rencontrez un membre des FDLR et un membre des FARDC, il est difficile de les différencier. On pourrait penser qu'il s'agit d'une patrouille des FARDC en train de renforcer la sécurité dans la région, alors qu'en réalité ce sont des membres des FDLR.

La population parvient-elle à respirer ou vit-elle dans une situation difficile de peur ?

Effectivement, la population vit dans la peur et la panique, car elle est constamment confrontée à l'incertitude quant à ce qui l'attend. Ils entendent des rumeurs et des histoires, qui pourraient être vraies, laissant croire à une escalade des violences avec des affrontements dévastateurs impliquant même toute la région de l'Afrique de l'Est et des Grands Lacs. Cette perspective est préoccupante, et il est compréhensible que les gens soient inquiets quant à l'avenir et à la stabilité de la région.

Quelle est votre position par rapport au rapport récemment publié par les experts des Nations Unies sur la situation dans l'Est de la RDC, étant donné que ce rapport a été largement critiqué par de nombreux acteurs ?

C'est surprenant de constater que la coalition entre les FARDC et les FDLR, composée de personnes impliquées dans le génocide perpétré contre les Tutsis en 1994, a été acceptée ou reconnue dans le rapport. Cependant, il est regrettable que ce rapport ne mentionne pas les mercenaires, les groupes Mai-Mai et Nyatura, qui sont soutenus par le président Tshisekedi lui-même, ainsi que les discours haineux de Patrick Muyaya et d'autres acteurs qui lient tous ces groupes, formant une coalition un peu plus puissante que la coalition FARDC-FDLR. Donc, cela ne se limite pas seulement à cela.

En ce qui concerne ce rapport, je le trouve incomplet. Il aurait dû impliquer le gouvernement et solliciter l'avis du gouvernement rwandais. Des recherches approfondies auraient dû être menées, comme tout le monde devrait le faire.

Si vous êtes un expert de l'ONU, vous devriez être en mesure de mener des recherches et d'inclure les opinions et points de vue de toutes les parties impliquées dans votre rapport. Je trouve cela peu professionnel de ne pas impliquer la partie concernée dans le rapport.

Pouvez-vous expliquer si vous pensez que les experts en question ne sont pas conscients de la réalité sur le terrain ou s'ils poursuivent leurs propres objectifs ?

Par exemple, on nous classe, Kivu Press Agency, comme étant proches du gouvernement rwandais, ce qui expliquerait notre accès à toutes les informations. Mais non, nous recherchons simplement la vérité. Mark et moi nous engageons à trouver la vérité. Nous voulons découvrir cette vérité qui semble être ignorée par le gouvernement congolais et les experts internationaux, comme ceux de l'ONU.

Ils refusent d'admettre la vérité, même s'ils la connaissent. Ils pourraient nous contacter et entendre notre version s'ils le souhaitent. Parce que ces personnes prétendent ignorer la partie la plus importante, qui est la vérité, et préfèrent simplement mentionner le nom d'un gouvernement, d'un autre pays, le Rwanda, qui n'a rien à voir avec ce qui se passe là-bas. Ils connaissent pourtant l'histoire de cette région et l'origine du conflit lui-même.

Ce conflit pourrait être résolu assez facilement en s'asseyant ensemble, en écoutant les opinions de ces personnes qui ont pris les armes pour récupérer leurs terres et défendre leurs familles ainsi que la population locale. Il est évident qu'ils souhaitent la paix.

Cependant, le fait qu'un gouvernement soutienne les rebelles et les arme au lieu de les désarmer est aberrant.

Avez-vous eu l'occasion de rencontrer des membres du M23 ? Si oui, pouvez-vous décrire leur comportement et leur attitude envers le processus de rétablissement de la paix dans l'Est de la RDC ?

Ces gens, j'ai pu parler et échanger avec eux, ils ont exprimé leur attente d'une attaque imminente. Ils anticipent un affrontement qui pourrait impliquer un grand nombre de personnes et causer de lourdes pertes et de nombreuses blessures. Ils mentionnent être prêts à se battre, bien que leur volonté ne soit pas de combattre, mais plutôt de s'asseoir avec le gouvernement congolais afin de parvenir à une stabilisation de la sécurité dans leur région d'origine. Ils souhaitent également retrouver le droit de rentrer chez eux et de reprendre leurs activités quotidiennes comme auparavant.

Effectivement, les FDLR et la coalition tentent de provoquer les M23 en se rapprochant dangereusement, voire à seulement 6 kilomètres de leur position. J'ai pu moi-même constater cette proximité. Il est préoccupant de constater que les FDLR ont même franchi la zone tampon établie. Cependant, les M23 maintiennent leur position en affirmant qu'ils sont prêts à se défendre si le gouvernement ne choisit pas la voie du dialogue, qui est perçue comme la meilleure façon de résoudre cette crise.

D'après Kivu Press Agency, quels enseignements pouvons-nous tirer de cette interview et de votre expérience sur le terrain dans l'Est de la RDC, où vous avez découvert une vérité différente de ce qui est présenté par les experts de l'ONU ?

Je vais commencer par aborder le titre récent de notre article : "Les guerres commencent là où la raison s'arrête". Si l'on se concentre uniquement sur la raison derrière une partie cela peut altérer la vérité et la profondeur de la question. Cela peut nous conduire à être surpris par une guerre terrible, qu'il est difficile d'arrêter facilement. Cela s'est produit ici au Rwanda, où tout le monde était conscient de ce qui se passait. Bien que j'étais jeune à l'époque, j'ai vécu des moments terribles et je sais ce qui s'est réellement passé.

L'ONU et la communauté internationale étaient censées rétablir la paix sur le territoire rwandais, mais ils ont fermé les yeux jusqu'à la dernière minute, jusqu'à ce que plus d'un million de Tutsis perdent la vie, des innocents et des familles déchirées, tandis que d'autres se retrouvaient en exil. À ce moment-là, ils se sont tous retrouvés confrontés à une question extrêmement difficile à résoudre.

C'est précisément ce qui pourrait se produire si l'on continue de fermer les yeux et d'ignorer ce qui se passe sur le territoire congolais. Cela ressemble à ce qui s'est passé au Rwanda en 1994. Il est crucial de ne pas répéter les mêmes erreurs et de prendre conscience de la situation actuelle.

Franck_Espoir Ndizeye



Source : https://fr.igihe.com/Des-liens-alarmants-entre-FARDC-et-les-groupes-armes-reveles.html