Félix Tshisekedi a lancé samedi 15 juillet, la formation initiale de la première promotion de 2500 nouveaux magistrats civils et militaires du ministère public parmi les 5000 attendus, nommés le 6 juin dernier à la suite du concours de recrutement.

Dans son discours d'ouverture, le Président de la République a " encore " interpellé les nouveaux magistrats sur le rôle de la justice pour la consolidation d'un véritable état de droit.

" Préoccupé personnellement par la bonne marche et l'efficacité de l'appareil judiciaire, j'ai exprimé plus d'une fois depuis mon accession à la magistrature suprême, ma volonté de consolider une justice de qualité pour tous, indépendante, performante, protectrice des droits humains, et essentiellement rassurante. A cet effet, je n'ai cessé d'affirmer, par conviction et dans ma vision de bâtir un état de droit, le rôle primordial assigné et attendu de la justice dans le relèvement et le développement de la Nation, la consolidation de l'état de droit et de notre démocratie ", a déclaré d'entrée de jeu Félix Tshisekedi pour qui " la justice élève une nation ", allusion faite au livre de Proverbes au chapitre 14, verset 34.

En sa qualité de magistrat suprême, Félix Tshisekedi a rappelé que cette prescription biblique demeure l'un des piliers du pacte citoyen qui caractérise la justice comme étant un rempart dont la mission principale est de protéger les personnes, garantir les règles du vivre ensemble, les droits et les devoirs de chacun ainsi que les conditions d'une société apaisée.

" Bref, sans la justice, il n'y a pas de développement possible. Comme pour dire que l'absence de la justice est une banalisation du mal. Mais un système judiciaire efficace est un moyen de dissuasion et de paix ", a-t-il affirmé.

Dans cette perspective, le Président Tshisekedi a réitéré déception envers le pouvoir judiciaire qui, à l'en croire, s'invite sur le banc des accusés à cause de la corruption, l'impunité et autres antivaleurs à la base de la descente aux enfers de la RDC.

" C'est pleinement conscient de ce rôle attendu dans la construction de notre Etat que je suis régulièrement revenu sur les questions lancinantes de la corruption et de l'impunité des criminels ainsi que sur les autres antivaleurs qui, généralement, accentuent la descente aux enfers de notre pays. Dans ces conditions, la justice ne saurait être ce régulateur vers lequel accourent les citoyens lorsqu'elle-même est immergée par des pratiques corruptives et autres agissements qui n'inspirent plus confiance, s'invitant de ce fait sur le banc des accusés.

L'homme qu'il faut à la place qu'il faut pour un nouveau départ

L'état de droit étant le leitmotiv à son accession à la magistrature suprême en janvier 2019 dans son volet de gouvernance politique, Félix Tshisekedi a réaffirmé son engagement de poursuivre les réformes courageuses dans le secteur de la justice, y compris celles relatives aux structures et à la qualité de leurs animateurs.

" C'est dans ce sens que, m'adressant à la Nation à travers ses représentants en décembre 2021, exercice réitéré en décembre 2022 et plus récemment à la suite de la session question-réponse avec nos compatriotes, je fustigeais encore ces maux et annonçais mon engagement à insuffler un nouveau départ à notre justice suivant une stratégie simple : " l'homme qu'il faut à la place qu'il faut ", a-t-il argué.

Dans le souci de résorber les problèmes récurrents des effectifs insuffisants des magistrats au regard de la cartographie judiciaire nationale, Félix Tshisekedi avait demandé au gouvernement avec le concours du conseil supérieur de la magistrature à finaliser le processus de recrutement dont le dernier en date remontait malheureusement d'une décennie.

De la justice qui détruit la Nation à celle qui consolide de la démocratie

Le samedi dernier, Félix Tshisekedi s'est montré très critique envers le pouvoir judiciaire. Le Chef de l'Etat a déclaré que le domaine de la justice est un véritable bémol pour son premier quinquennat, lui qui aspire à un deuxième mandat.

En plus de la théâtralisation des décisions judiciaires, le Président Tshisekedi avait dénoncé le fait qu'en lieu et place de construire, la justice détruit la République démocratique du Congo.

#RDC: " Je ne suis pas satisfait du bilan de la justice…Elle détruit notre nation " (Félix Tshisekedi) https://t.co/4en88meJmb

â€" POLITICO.CD (@politicocd) July 9, 2023

Toutefois au lancement de la formation de nouveaux magistrats, Félix Tshisekedi a lancé un appel ultime à la renaissance de la justice voulue et attendue, une justice qui assure et rassure pour la consolidation de la jeune démocratie en RDC. Il espère que cette justice doit, non seulement permettre de dire le droit, mais aussi et surtout de convaincre tous, justiciers et justiciables que le vrai droit a été dit.

" Ce tableau non exhaustif que je viens de dresser devrait sonner en vous comme une interpellation citoyenne et patriotique, mieux une mise en cause du système fonctionnel actuel. Il s'agit bien de l'appel à votre conscience individuelle et collective en tant que magistrats, acteurs majeurs dans la construction d'un Etat de droit voulu par tous ".

En revanche, en sa qualité de garant du bon fonctionnement des institutions, Félix Tshisekedi a promis de continuer à assumer " pleinement " sa responsabilité par un recadrage, au besoin, une requalification de l'action de la justice et éviter que par son agir, cette dernière disqualifie les efforts de toute une Nation.

Carmel NDEO

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