L'incertitude créée par la guerre en Europe a déjà provoqué une flambée inédite des cours des céréales, dont la Russie et l'Ukraine comptent parmi les principaux exportateurs vers l'Afrique. Et voici une nouvelle qui pourrait encore envenimer la situation : l'accord céréalier de la mer Noire expire le 18 juillet, a annoncé samedi le média russe Sputnik. Quelles conséquences pour les pays pauvres, en l'occurrence la République démocratique du Congo (RDC) ?

Des spécialistes cités par Sputnik expliquent que " puisque les conditions de l'accord céréalier ne sont pas remplies par les parties ukrainienne et occidentale, celui-ci risque de ne pas être prolongé ". Dans ce contexte des choses, les denrées alimentaires vont se renchérir, les pays riches en achèteront pour stocker et revendre, et les pays pauvres en souffriront.

Ils ont martelé sur le fait que nombre de conditions russes ne sont toujours pas respectées par la partie occidentale, comme le déblocage des céréales coincées dans les ports européens. " Les représentants des Nations unies ne sont pas réellement impliqués dans la mise en œuvre de l'accord ", a déploré Khadjimourad Belkharoev, professeur à l'université russe de l'Amitié des peuples Patrice Emery Lumumba, dans une interview lui accordée par Sputnik. Il a aussi souligné le fait que les denrées alimentaires censées être exportées vers les pays " pauvres " ont été fournies à des pays riches et autosuffisants.

Un plan d'approvisionnement tourné vers l'extérieur

La RDC fait partie de ces pays africains qui ne disposent pas de réserves alimentaires stratégiques. Son plan d'approvisionnement en produits alimentaires est totalement extraverti. Ainsi, d'après des spécialistes, chaque année le pays dépense plus de 2 milliards USD en importations de denrées alimentaires pour satisfaire la demande intérieure.

Les céréales, notamment le riz, le maïs et le blé, occupent une place de choix dans le vécu des Congolais. Rien que pour la province du Haut Katanga par exemple, plus de 600.000 tonnes de maïs et farine de maïs sont importées chaque année. Quant aux céréales comme le riz, les données fournies par la FAO en 2017, renseignent que 740.596 tonnes ont été importées au niveau national bien que ces chiffres soient sous-estimées. Selon les chiffres officiels, les besoins de consommation y sont évalués à un million de tonnes par an, mais les opérateurs locaux ne produisent que le quart.

Donc, cette potentielle fin de l'accord céréalier peut secouer le plan d'approvisionnement alimentaire de la RDC. Déjà, il y a près d'un mois le pays, dans ses zones sud-est et centre, a fait face à une pénurie de maïs. Bien que le gouvernement ait tenté de résorber la situation en s'appuyant sur ses voisins, le problème reste entier car la solution n'était qu'à court terme, surtout qu'il dispose de millions d'hectares de terres arables particulièrement fertiles et qu'il exploite à pas plus 20 %.

Toutefois, Moscou ne voit aucune raison de prolonger cet accord céréalier. Selon le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, la Russie assurera l'approvisionnement en céréales des pays les plus " pauvres " à ses propres frais et en quantité appropriée.

Odon Bakumba

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