Ces heurts ont fait au moins douze victimes. L'opposition a appelé à trois jours de manifestations nationales pour contraindre le président à abroger une loi financière imposant de nouveaux impôts.

Le président William Ruto avait promis de prendre à bras le corps les manifestations, disant qu'il affronterait le leader de l'opposition, Raila Odinga.

Dans le quartier de Mathare à Nairobi, la capitale, quatre manifestants ont été blessés, a rapporté un officier de police anonyme non autorisé à parler aux médias.

L'Associated Press a été témoin de l'atteinte par balles de trois individus, dont deux touchés à la jambe. À Kangemi, un autre quartier de Nairobi, Alvin Sikuku, un employé du service des dossiers médicaux, a signalé l'admission de deux jeunes hommes dans la clinique Eagle Nursing Home. L'un avait été atteint par balle dans le dos, le second à la jambe.

Dans la ville de Nakuru, le surintendant médical de l'hôpital de référence de Nakuru, James Waweru, a confirmé l'arrivée de quatre personnes blessées par balles, deux touchées à l'abdomen, une à la poitrine et une autre à la jambe. Une cinquième personne avait été blessée par coupure.

Les résidents et les dirigeants religieux ont appelé à un dialogue entre le gouvernement et l'opposition pour mettre fin aux protestations.

Les évêques catholiques ont émis une déclaration mercredi insistant sur le fait qu'"aucun autre sang ne devait être versé" et ont exhorté le président à abroger la loi de finances récemment adoptée qui a provoqué la colère de nombreux Kenyans.

La loi a fait grimper le prix du carburant à son niveau le plus élevé, avec une augmentation de la taxe sur la valeur ajoutée sur les produits pétroliers à 16%. Ces prix ont pris effet malgré une ordonnance du tribunal suspendant la mise en œuvre des nouvelles taxes controversées. Le Fonds Monétaire International a qualifié cette semaine l'approbation de la loi de "cruciale" pour réduire les vulnérabilités de la dette du Kenya.

Les ambassadeurs occidentaux de 13 pays ont publié mardi 18 juillet une déclaration commune appelant au dialogue.

Le ministère de l'Intérieur a annoncé l'arrestation de plus de 300 personnes lors des manifestations de mercredi, qui seront inculpées de crimes comprenant le pillage, la destruction de biens et l'agression de policiers.

L'opposition a condamné l'arrestation de sept dirigeants élus et de deux proches associés d'Odinga, qualifiant cette action de "tentative désespérée" de l'administration Ruto pour paralyser l'opposition.

Les écoles et les entreprises à Nairobi ont fermé alors que la police utilisait des gaz lacrymogènes et des canons à eau pour disperser les manifestants.

Des manifestations ont été signalées dans plusieurs autres régions du pays, notamment dans les comtés occidentaux de Kisumu, Migori et Kisii, où l'opposition jouit d'un large soutien.

La police avait déclaré que les protestations étaient illégales car aucun permis n'avait été délivré, mais le droit de manifester pacifiquement est inscrit dans la constitution kényane.

L'opposition a déclaré que les manifestations se poursuivraient jeudi 20 juillet.

Les manifestations de la semaine dernière ont fait au moins 10 morts, selon des groupes de surveillance, avec un policier confirmant au moins six morts à l'AP.

Beaucoup d'autres ont été blessés, dont 53 enfants entrés en état de choc après que des gaz lacrymogènes ont été lancés dans l'enceinte de leur école.

L'association médicale du Kenya a déclaré que ses membres avaient soigné "des centaines de Kenyans blessés et avaient été témoins de dizaines de décès" suite aux protestations des derniers mois.

Human Rights Watch a exhorté les dirigeants politiques à cesser de qualifier les manifestants de "terroristes" et à respecter le droit à la protestation pacifique.

L'organisation a également dénoncé l'utilisation par la police de la force et de balles réelles pour affronter les manifestants.

Franck_Espoir Ndizeye



Source : https://fr.igihe.com/Kenya-Les-manifestations-eclatent-en-scenes-de-chaos.html