Cette réalité se fait douloureusement ressentir à Selembao, l'une des 24 communes de la capitale.
Les habitants de cette commune périphérique, comme d'autres zones urbaines similaires presque totalement privées de services publics, sont quotidiennement confrontés à la quête de l'eau.
Leur périple pour remplir leurs bidons d'eau de 25 litres au sommet d'un ravin sinueux et escarpé, moyennant 150 francs congolais (0,06 dollar), témoigne de l'ampleur du défi.
Pierre Mafula, résident de Selembao depuis plus d'une décennie, dépeint avec amertume la réalité du quartier.
"Il y a des puits", mais l'eau y est "très difficile à boire", dit-il.
"C'est de l'eau sale. Il y a des amibes", ajoute-t-il.
Selon des experts, la raréfaction de l'eau est principalement due à l'explosion démographique et à l'incapacité des pouvoirs publics à suivre le rythme.
La Banque mondiale rapporte qu'en 2014, plus de 90% des ménages de Kinshasa avaient accès à l'eau courante, un taux qui est tombé à 72% en 2018.
"Avant 2010, la production d'eau suffisait à couvrir les besoins de toute la ville", souligne Patrick Goy Ndole, spécialiste de l'eau et de l'assainissement à la Banque mondiale à Kinshasa, citant l'Agence France-Presse (AFP).
L'eau courante de Kinshasa, lorsqu'elle est accessible, présente un risque pour la santé.
Selon l'ONU, plus de la moitié de cette eau est infectée par la bactérie E.coli. Un habitant de Selembao, Alphonse Mbela Peko, qualifie la situation de "très grave".
Selembao, avec ses ravins érodés et ses rues jonchées d'ordures, est le reflet des défis posés par la croissance démographique.
Selon un rapport de la ville publié cette année, environ 757.000 des 777.000 résidents du quartier sont des immigrants venus de l'extérieur de Kinshasa, et seulement 0,6% des habitants sont connectés à la Regideso, la compagnie nationale de distribution d'eau.
Face à ces défis, les habitants de Selembao et d'autres quartiers similaires se tournent vers les puits privés, souvent construits à bas coût.
Gautier Dianzitu Kulu-Kimbembe, qui dirige une association de construction de puits à Selembao, affirme que la Regideso desservait autrefois toute la commune.
Cependant, la construction incontrôlée et les glissements de terrain ont endommagé le réseau d'eau.
"La population est abandonnée à son triste sort", regrette M. Kulu-Kimbembe.
"Ce sont surtout les femmes et les enfants qui en souffrent".
Les appels à la Regideso et au ministère des Ressources hydrauliques sont restés sans réponse.
Franck_Espoir Ndizeye
Source : https://fr.igihe.com/Kinshasa-face-au-defi-de-l-eau-potable.html
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