Le général Abdou Sidikou Issa, chef d'état-major des Forces armées nigériennes (FAN), a confirmé le jeudi 27 courants, son ralliement à la junte, signalant une volonté de prévenir un bain de sang entre factions rivales.

Il faut toutefois préciser que le putsch a été lancé par des éléments militaires inconnus du grand public, qui, la veille au soir, avaient annoncé le renversement du président démocratiquement élu de Mohamed Bazoum, au pouvoir depuis 2021.

Cette déclaration historique a été faite par le colonel-major Amadou Abdramane, qui a justifié le coup de force par la détérioration de la situation sécuritaire du Niger. Il a annoncé une suspension des institutions, la fermeture des frontières et l'instauration d'un couvre-feu de 22h à 5h, heure locale.

Le climat est tendu dans la capitale Nigérienne, où les partisans du putsch ont affiché leur soutien dans les rues, certains agitant des drapeaux russes, symboles d'un mécontentement croissant à l'égard de la France, partenaire historique du régime Bazoum.

Malgré l'annonce du coup d'État, le président Bazoum et son gouvernement résistent. Le président séquestré avec sa famille est, selon le ministre des Affaires étrangères Hamoudi Massoudou, en bonne santé et n'a pas été maltraité.

Massoudou, en tant qu'intérimaire du chef du gouvernement en visite de travail n Italie, a appelé les putschistes à revenir à la légalité et a assuré que le dialogue pourrait être la voie vers une résolution pacifique.

Une médiation ouest-africaine sous la houlette de la CEDEAO, dirigée par le président béninois Patrice Talon, est en cours.

Pour l'Occident, et en particulier la France, cette crise représente un revers majeur. Le Niger était l'un de leurs derniers alliés dans le Sahel, région éreintée par des attaques de groupes terroristes, la pauvreté et l'instabilité.
Avec le Niger, c'est le troisième pays du Sahel à tomber dans la spirale des coups d'État depuis 2020, après le Mali et le Burkina Faso.

Par ailleurs, l'ombre de la Russie plane. Lors du sommet Russie/Afrique, Vladimir Poutine a évoqué "un nouvel ordre mondial", accentuant la crainte d'un mouvement stratégique de la Russie dans la région.

La diplomatie russe a cependant appelé à un "dialogue constructif et pacifique" et a exprimé le souhait d'une "libération rapide" du président Bazoum.

Le peuple du Niger retient son souffle, observant avec appréhension le déroulement de cette crise.

Ce qu'il adviendra du Niger dans les prochains jours reste un mystère.

Une chose est certaine : le Niger est à un carrefour décisif de son histoire.

Le groupe de militaires putschistes ayant annoncé le coup de force à la télévision d'état nigérienne

Jean Jill Mazuru



Source : https://fr.igihe.com/Le-Niger-pris-en-etau-coup-d-etat-et-incertitudes-politiques.html