Condamné à la réclusion à perpétuité pour crimes de génocide contre lesTutsi en 1994 et crimes contre l'humanité au Rwanda, Hategekimana, alias Philippe Manier, est le cinquième à être jugé par la France pour ces mêmes chefs d'accusation.

Hategekimana, après un long séjour en France, a été arrêté au Cameroun en 2018. Les détails de son implication, non seulement dans l'exécution des meurtres, mais aussi dans l'instigation de ces actes de barbarie, ont été mis à nu lors de son procès.

Un verdict qui sonne comme un avertissement aux derniers fugitifs du génocide perpétré contre les Tutsi du Rwanda en 1994.

Mme Nderitu a tenu à souligner la situation déconcertante de plusieurs accusés qui, échappant encore à la justice, mènent une vie normale dans certains États membres des Nations Unies. Elle a réitéré son appel à ces fugitifs, les pressant de se livrer afin que justice soit faite.

"Ce verdict n'est pas seulement un nouveau rappel que la justice finira toujours par prévaloir contre ceux qui commettent, encouragent ou glorifient les atrocités, indépendamment de leurs efforts pour se dissimuler ou du temps écoulé depuis les faits," a déclaré la conseillère spéciale.

La sentence prononcée à l'encontre de Hategekimana, ainsi qu'un autre verdict récent en Allemagne concernant un ancien membre de l'Etat islamique, témoignent de l'importance accordée à la justice et à la dignité des victimes.

Mme Nderitu a ajouté, "Cela ne pourra jamais apaiser totalement la douleur, mais cela permet de redonner aux victimes et à leurs proches une reconnaissance, une visibilité et une compréhension de ce qui s'est passé".

Hategekimana, ex-adjudant-chef de la gendarmerie de Nyanza au sud du Rwanda, a admis l'existence du génocide perpétré contre les Tutsi, mais a nié toute implication directe dans sa réalisation.

Accusé d'avoir encouragé ou participé au meurtre de dizaines de Tutsis dans la préfecture de Butare, dont le maire de Ntyazo qui s'opposait à l'exécution du génocide anti-Tutsi dans sa commune, Hategekimana a aussi été lié à trois massacres massifs.

Pour l'un de ces massacres, commis à l'Institut des sciences agronomes du Rwanda, le tribunal a reconnu la complicité de Hategekimana, sans pour autant le déclarer coupable en tant qu'auteur direct du massacre.

Au-delà du simple châtiment, ce verdict historique offre un espoir de justice aux victimes du génocide rwandais et rappelle que les crimes contre l'humanité ne resteront jamais impunis, indépendamment du temps qui passe.

En dépit de la condamnation à perpétuité pour génocide et crimes contre l'humanité prononcée par la cour d'assises de Paris, Philippe Hategekimana, ancien gendarme rwandais naturalisé français sous le nom de Philippe Manier, compte faire appel de la décision.

Ses avocats, Mes Emmanuel Altit et Alexis Guedj, expriment sa ferme conviction en un procès équitable qui, selon lui, établira son innocence. La nouvelle a suscité des réactions amères, notamment de la part du président du Comité des parties civiles pour le Rwanda (CPCR), Alain Gauthier, qui trouve "insupportable" cette propension à contester des verdicts pourtant basés sur des faits accablants.

Ce nouvel appel s'inscrit dans un contexte plus large où, sur les cinq procès de présumés génocidaires rwandais qui se sont déroulés en France, trois sont désormais en appel.

Franck_Espoir Ndizeye



Source : https://fr.igihe.com/L-ONU-salue-le-verdict-rendu-en-France-contre-le-genocidaire-Hategekimana.html