Karim Khan a fait cette annonce lors d'un rapport au Conseil de Sécurité des Nations Unies (UNSC), suite à trois mois de guerre entre des généraux rivaux qui ont replongé le pays du Nord-Est africain dans le chaos.

Depuis 2005, la CPI enquête sur les crimes commis dans la région du Darfour au Soudan, suite à une saisine de l'UNSC. La cour basée à La Haye a inculpé l'ancien président Omar al-Bashir pour des crimes incluant le génocide.

"La vérité simple est que nous sommes... en danger de permettre à l'histoire de se répéter â€" la même histoire malheureuse," a déclaré Khan à l'UNSC.

"La situation actuelle de la sécurité au Soudan et l'escalade de la violence lors des hostilités actuelles sont des sujets de grande préoccupation," a-t-il dit en annonçant la nouvelle enquête.

Selon Khan, il y a eu une "large gamme de communications" sur les allégations de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité au Soudan depuis le déclenchement des combats en avril.
Les crimes sexuels présumés et les crimes basés sur le genre étaient un "point central" de la nouvelle enquête, a-t-il ajouté.

Environ 3 000 personnes ont été tuées et trois millions déplacées depuis l'éruption de la violence entre le chef de l'armée soudanaise Abdel Fattah al-Burhan et les Forces de Soutien Rapide (RSF), groupe paramilitaire de son ancien adjoint Mohamed Hamdan Daglo.

Les deux étaient des figures clés d'un coup d'État militaire en 2021 qui a déraillé la transition du pays vers une gouvernance civile, après le renversement et la détention de Bashir en 2019.

Des allégations d'atrocités ont augmenté pendant les combats, avec le haut fonctionnaire de l'ONU au Soudan appelant mercredi les belligérants à faire face à la "responsabilité".

L'ONU a également averti de nouveaux crimes dans le Darfour, annonçant jeudi que les corps d'au moins 87 personnes auraient été tuées le mois dernier par les RSF et leurs alliés et enterrées dans une fosse commune dans le Darfour.
Selon Khan, le risque de nouveaux crimes de guerre est "accru par le mépris clair et persistant des acteurs concernés, y compris le gouvernement du Soudan, pour leurs obligations".

L'absence de justice pour les crimes commis au Darfour au début des années 2000, lorsque Bashir a lancé sa milice Janjaweed contre les minorités non arabes, a "semé les graines de ce dernier cycle de violence et de souffrance", a-t-il ajouté.

Bashir a été inculpé de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité, notamment de meurtre, de viol et de torture. Depuis, la cour demande son extradition à La Haye, sans succès. Après la chute de Bashir en 2019, Khartoum a annoncé qu'il le remettrait à la cour pour être jugé, mais cela ne s'est jamais produit.

Avant même les récents combats, il y avait une "détérioration supplémentaire de la coopération des autorités soudanaises", a déclaré Khan. Bashir, 79 ans, ainsi qu'Ahmad Harun et Abdel Raheem Hussein, deux figures de proue du gouvernement de l'ancien dictateur également recherchés par la CPI, sont toujours en liberté.

Jusqu'à présent, le seul suspect à être jugé pour des actes de violence commis au Soudan est le haut dirigeant de la milice Janjaweed, Ali Muhammad Ali Abd al-Rahman, également connu sous le nom de guerre Ali Kushayb.

Les avocats de la défense de Rahman devraient présenter leur dossier le mois prochain, et Khan a déclaré que les derniers combats au Soudan "ne peuvent pas être autorisés à compromettre" le procès.

Les Nations Unies estiment que 300 000 personnes ont été tuées et 2,5 millions de personnes déplacées lors du conflit du Darfour en 2003-2004.

Un sommet de dirigeants des pays voisins du Soudan s'est tenu au Caire jeudi, appelant à la fin des combats, mais des échanges de tirs, des explosions et le rugissement des jets de combat ont de nouveau secoué la capitale Khartoum, ont rapporté des résidents à l'AFP.

Franck_Espoir Ndizeye



Source : https://fr.igihe.com/Soudan-la-CPI-relance-les-investigations-sur-le-chaos.html