Dans les territoires de Rutshuru et Masisi, des affrontements entre les terroristes du Mouvement du 23 Mars (M23) et d'autres groupes armés ont entraîné le déplacement d'au moins 78.000 personnes durant les mois de juin et juillet dernier, indique le dernier rapport du Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

Ces deux territoires sont les deux grands greniers qui alimentent la ville de Goma, chef-lieu de cette province. La localité de Nyabiondo compte, à elle seule, un peu plus de 7.800 personnes qui se sont ajoutées aux 2.000 autres arrivées au mois de février de l'année en cours.

Ce déplacement massif a encore intensifié la précarité de la situation sévissant dans le territoire sous l'agression de ces terroristes soutenus par les Forces armées rwandaises (RDF). Affectés par les combats et le manque de ressources, les habitants se voient forcés de partager entre eux le peu dont ils disposent.

" J'ai reçu sept familles déplacées avec qui je n'ai aucun lien de parenté. A leur arrivée, je leur ai donné des régimes de bananes pour se nourrir. Mais au bout de trois jours, j'ai dû leur demander de se débrouiller ", relate Kengo Lukoo Bandu, la quarantaine, père de neuf enfants et cultivateur à Nyabiondo, cité dans le rapport du CICR.

" Au sein de la communauté, la situation socio-économique a changé. Le peu de nourriture qu'on avait est devenue insuffisante. Les prix ont aussi augmenté sur le marché. Avant, on consommait dix verres de riz par jour dans ma famille. Aujourd'hui, nous en sommes à la moitié ", a-t-il poursuivi son triste récit.

Que ce soit dans les sites de déplacés ou les communautés d'accueil, les besoins humanitaires ne cessent de s'accroître dans ces territoires du Nord-Kivu. Le CICR rapporte que des dizaines de milliers de personnes ont besoin d'aide d'urgence. Les acteurs humanitaires font face à un manque de financement et d'accès.

Pour Anne-Sylvie Linder, la cheffe de la sous-délégation du CICR à Goma, il est nécessaire que les donateurs continuent de soutenir les activités des divers acteurs humanitaires présents dans la région.

" Au-delà de l'aide d'urgence, il faut penser à comment financer et mettre en place des solutions pérennes. Il faut aussi que les parties aux conflits s'acquittent de leurs obligations en vertu du droit international ", suggère-t-elle indiquant que l'accès des humanitaires aux populations civiles dans le besoin doit être inconditionnel.

" La situation aujourd'hui est critique et l'acheminement de l'aide humanitaire dans les zones les plus reculées est vital pour des milliers de familles ", a-t-elle fait savoir.

Odon Bakumba

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