Cette décision fait suite à ce que la Banque a qualifié de violation de ses valeurs concernant la nouvelle loi anti-homosexualité mise en place à Kampala, rapporte The East African.

Henry Okello Oryem, Ministre ougandais des Affaires étrangères, a déclaré que cette démarche de la Banque mondiale était empreinte d'hypocrisie.

Selon lui, les entités occidentales sont promptes à donner des leçons de démocratie aux pays vulnérables, mais n'hésitent pas à les sanctionner dès lors que leurs actions ne correspondent pas aux intérêts des puissances occidentales et des institutions qui leur sont affiliées.

" Arrêtez cette hypocrisie ", s'est-il exclamé, rappelant que " la loi a été adoptée par le Parlement ougandais, représentant du peuple. C'est ça, la démocratie. "

Mardi, la Banque mondiale a annoncé que les futurs financements seraient gelés jusqu'à ce que les autorités ougandaises mettent en place une politique adéquate pour protéger les minorités, y compris les communautés LGBTQ+.

Selon l'organisation, la loi anti-homosexualité de l'Ouganda "contredit fondamentalement" ses valeurs, car elle vise à éradiquer la pauvreté en incluant chaque individu, quel que soit sa race, son sexe ou son orientation sexuelle.

La décision de la Banque mondiale fait suite à une mission d'enquête envoyée en Ouganda pour dialoguer avec les officiels et les parties prenantes afin de vérifier les informations faisant état de discrimination envers la communauté LGBTQ+. Le rapport de cette mission a mis en lumière la persécution continue de ces individus, à la fois dans les institutions publiques et privées.

Les officiels ougandais ont tenu à dissiper les rapports sur d'éventuelles discriminations contre ces groupes.

Peu après l'annonce de la Banque mondiale, le Ministère de la Santé a précisé que la loi anti-gay ne visait pas à discriminer les personnes LGBTQ+ dans l'accès aux soins médicaux.

Dr Henry Mwebesa, Directeur général des Services de santé, a souligné que les professionnels de la santé ne devaient pas discriminer ou stigmatiser quiconque cherchant des soins, quelles que soient ses caractéristiques individuelles.

Mais pour Nicholas Opiyo, avocat ougandais spécialisé dans les droits de l'homme, toutes les agences gouvernementales doivent s'aligner sur ces principes. Il insiste sur Twitter, que tous les Ougandais méritent la protection de la loi, et appelle à l'abrogation de la loi controversée.

L'Ouganda, grand bénéficiaire de l'aide et des financements des puissances occidentales, pourrait ressentir l'impact de cette suspension.

Le programme Pepfar, qui consacre environ 400 millions de dollars par an au traitement du VIH/Sida en Ouganda, a également menacé de suspendre l'aide. Les responsables ougandais reconnaissent que la perte de ces fonds compliquera le financement des priorités nationales, telles que l'infrastructure, la santé, l'éducation, l'énergie et la sécurité.

Okello Oryem dénonce une injustice dans ces coupures d'aide, soulignant que l'Ouest ne traite pas tous les pays de la même manière. Il cite l'exemple de pays du Moyen-Orient où les homosexuels sont pendus, sans que cela ne provoque de réaction.

Cette tension entre l'Ouganda et les donateurs occidentaux n'est pas nouvelle. La Banque mondiale avait déjà suspendu un prêt de 90 millions de dollars en 2014 suite à une loi durcissant les peines pour les infractions liées à l'orientation sexuelle.

L'ancien président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, avait alors mis en garde contre le risque que de telles législations dissuadent les multinationales d'investir dans le pays.

Okello Oryem, cependant, affirme que Kampala continuera à dialoguer avec les donateurs pour trouver un terrain d'entente.

Président de l'Ouganda, Yoweri Museveni. PHOTO | BADRU KATUMBA | AFP

Franck_Espoir Ndizeye



Source : https://fr.igihe.com/Kampala-denonce-l-hypocrisie-de-la-Banque-mondiale-et-des-pays-occidentaux.html